Iggy Pop retrouve l’électricité outrée des Stooges : ménagerie de cirque ou animal sauvage ? On n’apprivoise pas, même avec des dollars, la bête humaine. Critique et écoute.
Iggy Pop n’a de cesse de le répéter, la reformation des Stooges, il y a dix ans, n’a jamais été décidée sous l’emprise des billets verts. Et on le croit. Parce qu’Iggy sait parfaitement faire fructifier son image et sa légende dans des secteurs bien plus lucratifs qu’une tournée ou les ventes d’un nouvel album. Non, les Stooges, c’est pour la joie de faire cramer les amplis, d’entretenir la bête rock tout en défiant le temps et l’âge des artères, même si la logique du sablier est implacable.
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Ready to Die devait donc arriver. Comme pour boucler la boucle, pour donner un sens à cette tournée de 2009/10 où James Williamson a refait le coup de 1973 en prenant le commandement des guitares, pour accoucher d’un fils légitime à l’inégalable Raw Power – mission ratée en 2007 avec l’album du come-back (The Weirdness).
Et quand Williamson enroule les premiers riffs de Burn, le miracle s’opère en mission commando. Le son n’a ni la sauvagerie, ni la patine de verre pilé d’antan, mais la tonicité est intacte et les barbelés tricotés dans les mailles les plus serrées. Même exploit deux longueurs plus loin, quand Job et Gun claquent coup sur coup deux hymnes garage-punk de marque Stooges. Si les Stooges sont prêts à mourir, ce sera donc les guitares à la main et les explosifs sur le torse.
Le jeu de miroir avec Raw Power s’arrête là. Presque logiquement, Ready to Die se faufile dans les autres territoires explorés par les Stooges dans les albums précédents, quand le sax de Steve McKay vient boiser Sex and Money ou impulser une respiration soul au motownesque Dirty Deal. Mais un disque d’Iggy And The Stooges reste avant tout un album d’Iggy Pop. Et le vieux reptile pèse de tous ses muscles dans chaque chanson, son chant régnant sans partage sur l’ensemble comme une véritable entité.
Rarement depuis vingt ans et American Caesar il aura autant utilisé les modulations de sa gorge de matou et crooné avec sensualité dans ces ballades dont il aime persiller ses meilleurs disques : ici Beat That Guy, Unfriendly World et The Departed où, derrière le clin d’oeil à I Wanna Be Your Dog, Iggy pose à sa façon la même question que Bowie dans son Where Are We Now? : “Où est passée cette vie que nous avons commencée ?” Vieux frangins.
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