Un film intelligent et très drôle, à voir en salle ce mercredi 2 août.
On dirait la planète Mars est le dernier long-métrage du réalisateur et musicien québécois Stéphane Lafleur, qui se dit très influencé par le cinéma d’Andreï Tarkovski. À vrai dire, c’est un peu comme si Quentin Dupieux disait que Mandibules lui avait été inspiré par la vision du Cheval de Turin de Béla Tarr.
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Si l’on peut bien évidemment trouver dans On dirait la planète Mars – film de science-fiction pur et dur – en se creusant beaucoup le ciboulot, des traces de Solaris du grand cinéaste russe, il faut tout de suite ajouter que le film de Lafleur est aussi une comédie, souvent fort drôle, et une satire de notre monde actuel. Même si, comme le disait Eugène Ionesco : ”Je n’ai jamais vu la différence entre une tragédie et une comédie.”
Venons-en aux faits : nous sommes dans un avenir proche, et une mission spatiale a été envoyée sur Mars pour l’habiter pour la première fois. Mais les rapports entre les astronautes sont en train de se détériorer. Pour remédier à ça, la branche canadienne (surtout québécoise, à vrai dire) de l’Agence spatiale mondiale a une idée géniale : reconstituer sur Terre l’équipe des cinq voyageur·euses de l’espace. Pour cela, elle a sélectionné de manière scientifique et très pointue des hommes et des femmes en tous points semblables, psychologiquement, à chacun des membres de la mission. Elle les a ensuite enfermé·es dans une base, dans le désert, en les soumettant aux “mêmes” conditions de vie quotidiennes que leurs “jumeaux” psychologiques martiens. Le but ? Analyser leurs réactions, tenter de comprendre leurs conflits, et anticiper surtout ceux des vrais héro·ïnes de l’espace afin de les aider à les dépasser.
Conflits et mesquineries
Le personnage principal du film (Steve Laplante) devient ainsi “David” sur Mars. Il est l’un des cinq cobayes sélectionnés pour l’expérience terrestre. Première surprise : certain·es n’ont pas le même genre que l’astronaute avec lequel ils et elles “matchent”. Un sexagénaire râleur (Denis Houle) “joue” l’astronaute Liz. Une jeune femme (Larissa Corriveau) “est” Steven. Petit à petit, des conflits naissent effectivement entre l’équipe de “clones”, mais sont-ils réellement fidèles à ceux qui se déroulent à des millions de kilomètres de la Terre ? Les petites mesquineries de “Liz” sur le rationnement des morceaux de sucre consommés par ses camarades reflètent-elles vraiment les problèmes des vrai·es astronautes ? Peu à peu, tout va, pour notre plus grand plaisir de spectateur·rice, partir en eau de boudin.
Le film de Lafleur est assez drôle, il faut bien le dire, et surtout d’une grande originalité. Il se moque sans méchanceté, mais avec cruauté du langage imposé aux faux·ausses astronautes et censé couper toute source de conflit. À chaque fois que deux individus ne sont pas d’accord, ils s’expriment librement, mais la conversation se termine toujours par un “Je suis content·e d’avoir eu cette conversation avec toi” qui ne résout en réalité aucun problème. En somme, de la psychologie à deux balles de ressources humaines dont les dirigeant·es d’entreprise sont devenu·es des spécialistes spécieux·euses.
Avec Steve Laplante, Larissa Corriveau, Fabiola N. Aladin. Sortie le 2 août en salles.
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