Le folk austère et hanté d’un Américain dont seul le nom est rigolo. Critique et écoute.
Qu’on nous pardonne cette blague douteuse, mais Sam Amidon est un peu raide. Il faut même attendre quatre chansons et dix minutes pour que sa guitare arrête de chialer, tente une petite ritournelle joyeuse – que la voix minée et le texte endeuillé viennent contrarier. Car si l’album s’appelle Bright Sunny South, le jeune Américain n’est pas très pote avec la légèreté, l’allégresse et la grosse poilade. Ces trois-là ne savent pas ce qu’elles perdent : monté des terres en fumerolles dangereuses, son folk de zombie transperce le coeur.
Car Sam Amidon tient l’arme de destruction massive. Pas forcément plus doué mélodiquement que d’autres hobos dépenaillés, il possède la voix qui manque si souvent à ce folk qui a fait voeu de pauvreté. Alors qu’importe l’aridité des arrangements, l’occupation spartiate des instruments : lui chante ou hurle comme s’il avait vu le diable dans la forêt, comme s’il avait vu mille vierges dans la rivière, comme s’il descendait, très profond, à la mine. On parle d’or.