Pour le reggae, il s’en passe de belles, outre-Rhin : à Vienne, le dub s’est trouvé un boudoir enfumé et ténébreux, où il se livre, de Kruder & Dorfmeister aux Sofa Surfers, aux détournements les plus licencieux. En Allemagne, l’Africain Patrice met des petites fleurs folk dans les dreadlocks de Marley et de jolies graines […]
Pour le reggae, il s’en passe de belles, outre-Rhin : à Vienne, le dub s’est trouvé un boudoir enfumé et ténébreux, où il se livre, de Kruder & Dorfmeister aux Sofa Surfers, aux détournements les plus licencieux. En Allemagne, l’Africain Patrice met des petites fleurs folk dans les dreadlocks de Marley et de jolies graines de hip-hop dans le cône. A Berlin, où l’on n’a pas abattu les murs pour rien, le Danois Raz Ohara s’est installé dans un hamac, à un carrefour où se tamponnent benoîtement hip-hop, soul, pop, R&B, reggae et funk. Le très bien nommé Realtime voyeur reluque goulûment et en direct les résultats de cette partouze : ainsi, on n’est même pas surpris d’entendre une reprise des Pixies traitée comme un hymne jamaïcain des sixties (Where is my mind’), de découvrir Prince rectifié par Timbaland (I be). Car depuis que le grand ragoût du village global est devenu le plat du jour de la musique mondiale, on ne s’étonne même plus de ces mélanges hier encore utopiques. Ce qui séduit, en revanche, c’est la fluidité de cette sauce épicée, garantie sans grumeaux, tirant sa force d’un mélange effectué à l’instinct, naïvement, sans recette. Une sauce liée par une production aussi humble qu’imaginative, qui réussit même à faire avaler des couleuvres un rien faisandées, comme le très Korgis I wanna be where you are. Ce sont les mêmes qualités nonchalance, précision, inventivité qui impressionnent chez les People Under The Stairs, faux slackers de Los Angeles. Même dans un cadre a priori aussi contraignant qu’un hip-hop old-school, le duo réussit à introduire, en contrebande, d’inquiétantes volutes jazzy, de chatoyantes bouclettes de guitare (Mid-city fiesta), voire des chorales célestes (le magnifique San Francisco knights) ou des basses grimpantes comme le lierre. Une science du groove économe et respectueuse qui fait du producteur-joueur Thes One connu des douanes sous le nom de Chris Portugal, immigré chilien une réponse californienne très probante à DJ Premier. Après Quannum voisins californiens aux desseins assez limitrophes , une autre excellente raison de retourner à la vieille école, amoureusement modernisée de l’intérieur.
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