Leïla Slimani remporte le prix Goncourt, Yasmina Reza le prix Renaudot.
Le prix Goncourt vient d’être attribué à Leïla Slimani pour son (deuxième) roman, Chanson douce (Gallimard) – contre Gael Faye, Régis Jauffret et Catherine Cusset. Inspiré d’un fait divers arrivé en 2012 aux USA, Chanson douce met en scène tous les mécanismes qui vont mener une « nounou » à assassiner les deux enfants qu’elle garde chez une famille de bobos parisiens.
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Découverte en 2014 avec Le Jardin de l’ogre, autour d’une femme accro au sexe, Slimani excelle à travailler les sujets sensibles, ceux dont on parle si peu dans la fiction française. Dans Chanson douce, elle nous plonge dans la vie de bobos parisiens, ausculte les tensions intimes à l’œuvre chez une jeune mère qui veut reprendre son job d’avocate, même s’il lui faut confier ses petits aux soins d’une autre femme, et la frustration chez plus pauvre qu’eux. Louise s’avère être une « perle », mais que savent-ils d’elle ?
Le pire roman de Yasmina Reza
Le roman remet au jour la question de la lutte des classes, de la dichotomie riche/pauvre et comment elle peut engendrer de la colère chez les défavorisés. On n’est pas loin de La Cérémonie de Chabrol, mais en plus feutré, en plus inattendu donc plus incompréhensible. Née en 1981 à Rabat, au Maroc, Leïla Slimani s’est installée à Paris pour étudier le journalisme. Aujourd’hui, elle a la double nationalité, et nous confiait récemment vouloir consacrer son prochain livre à « la solitude de l’intellectuel musulman ». En attendant, elle devrait publier un essai en janvier, Sexe et mensonge (Ed. Les Arènes), autour de la vie extrêmement difficile des femmes au Maroc.
Déception : le prix Renaudot a été attribué au pire roman de Yasmina Reza. Sorti à la rentrée, Babylone (Flammarion) met en scène deux voisins, une femme et un homme, qui deviennent amis. Chacun d’eux vit en couple, et c’est après une soirée (seul passage réussi) chez la femme et son mari que le voisin, Jean-Lino, va assassiner sa compagne.
Un texte vain
Si le début du livre commence comme du Reza pur jus – observation des petitesses et des grandeurs de chacun, des tics d’une classe sociale, la bourgeoisie moyenne parisienne –, il bascule vite dans le grand guignol le plus grotesque, trop invraisemblable pour être intéressant. Après avoir étranglé sa femme à la suite d’une engueulade sur la cause animale, l’homme demande de l’aide à sa voisine, et les voilà, pendant un chapitre étiré jusqu’à l’ennui, à vouloir transporter le cadavre dans une valise. Ni original – on a déjà vu ça dans Le Père Noël est une ordure -, ni comique – ficelles trop grossières, pancartes « Rires » brandies à chaque coin de phrase –, Babylone est au final un texte vain, plus proche d’Au Théâtre ce soir que de Beckett.
Le Prix Renaudot de l’essai a été remis à Aude Lancelin pour Le Monde libre (Les Liens qui libèrent).
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