Après la décision du Parquet de Paris d’ouvrir une affaire judiciaire sur l’affaire Cahuzac, Jérôme Cahuzac a démissionné de ses fonctions de ministre délégué au Budget, entraînant un jeu de chaises musicales au gouvernement.
Jerôme Cahuzac : Exit
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Celui qui se définissait lui-même comme « la vraie surprise de ce gouvernement » face à Manuel Valls « demi-surprise » et qui faisait l’unanimité à gauche comme à droite pour ses compétences sur le Budget, bluffant ses collègues de pouvoir parler sur autant de chiffres « sans notes« , a présenté sa démission ce mardi en fin de journée au Président de la République. En somme, un choix, pas une contrainte de partir, selon la version officielle. François Hollande « a mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, à sa demande« , a annoncé l’Elysée dans un communiqué peu avant 19h30. Une décision convenue entre les deux hommes il y a quelques semaines. François Hollande avait demandé à son ministre qu’à partir du moment où une affaire judiciaire serait ouverte, il lui faudrait s’en aller pour que l’exécutif ne vive pas au rythme des rebondissements de l’affaire. Ce mardi, Jérôme Cahuzac a agi, appelant directement le Président.
Il n’empêche, la nouvelle représente un coup dur pour le chef de l’Etat qui perd là une pièce maîtresse de son dispositif gouvernemental, au moment où il est au plus bas dans les sondages. Ce mardi, Jérôme Cahuzac dénonce le « caractère calomniateur » de l’accusation selon laquelle il a détenu un compte à la banque suisse UBS et dit démissionner « pour le bon fonctionnement » du gouvernement et de la justice, souhaitant désormais « consacrer toute (son) énergie » à sa défense. Pour l’instant, rien n’indique qu’il sera mis en examen. Après sa démission, François Hollande a « remercié« , dans un communiqué, son ex-ministre Jérôme Cahuzac « pour l’action qu’il a conduite depuis mai 2012 comme ministre du Budget pour le redressement des comptes de la France« , ajoutant « Il l’a fait avec talent et compétence. Je salue la décision qu’il a prise « de démissionner« pour mieux défendre son honneur« .
Cahuzac remplacé par Cazeneuve
Le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve atterrit à Bercy. Dans l’opération, pas de promotion de titre, il reste ministre délégué et devient le onzième titulaire de ce poste en dix ans. Mais ce proche de Laurent Fabius monte en grade, le ministère du Budget ayant toujours été un des postes majeurs du gouvernement. Proche de François Hollande depuis la campagne présidentielle pendant laquelle il était un porte-parole, Bernard Cazeneuve, ex-maire de Cherbourg, très pince sans rire avait acquis ses galons dans l’équipe gouvernementale. Il avait en effet adopté sans heurts au Parlement le traité européen instaurant la règle d’or en matière budgétaire. Malgré son appartenance au camp des nonistes en 2005, Cazeneuve, désormais ministre avait su défendre la politique européenne de François Hollande en recevant par petits groupes tous les parlementaires pour les convaincre de voter le traité européen. L’été dernier, il faisait partie des ministres privilégiés, reçus par François Hollande et Valérie Trierweiler à proximité de Brégançon pour un dîner.
Cazeneuve remplacé par Repentin
Il fait partie des ministres peu connus du grand public. Ce mardi, Thierry Repentin obtient le ministère des Affaires européennes, auprès de Laurent Fabius. Et décidément, Repentin n’obtient jamais son domaine de compétences. Ce spécialiste du logement, responsable du pôle habitat et politique de la ville lors de la campagne présidentielle du candidat Hollande lui avait notamment soufflé l’idée d’augmenter le plafond du Livret A pour financer la construction de 150 000 logements sociaux par an ou de porter à 25% le quota de HLM dans chaque commune. Cet ancien secrétaire d’Etat au Logement dans le gouvernement Jospin, un des rares de l’équipe Hollande a avoir une expérience gouvernementale, s’était notamment fait remarquer dans sa carrière pour avoir ferraillé contre la droite en 2008, comme sénateur, pour empêcher la suppression du quota de 20% de logements sociaux. Quatre ans plus tard, avec le retour de la gauche au pouvoir, il avait bizarrement hérité de la formation professionnelle. Désormais, il se retrouve aux affaires européennes. Encore loupé !
Repentin… pas remplacé
Son poste n’est pas attribué… Son dossier arrive entre les mains de Michel Sapin, ministre du Travail et de l’Emploi. « La formation professionnelle est confiée au ministre de tutelle, Michel Sapin« , précise l’entourage de Jean-Marc Ayrault. Thierry Repentin n’est pas remplacé à la Formation professionnelle. Drôle de nouvelle quand on sait que ladite formation professionnelle, à laquelle sont consacrés chaque année quelque 32 milliards d’euros, doit faire l’objet d’une réforme d’ici à la fin de l’année 2013. Syndicats, politiques, ministres ne cessent de répéter qu’aujourd’hui c’est un secteur foutoir trop complexe à gérer et qu’il est nécessaire de remettre de l’ordre pour recentrer le système sur les jeunes et les chômeurs. Michel Sapin ne manquera pas de travail… Mais voilà une économie de faite en ces temps de disette.
Et demain pour tout le monde, ou presque, le conseil des ministres.
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