Fin en fanfare pour ce vétéran touche-à- tout du rap français. Merci pour tout. Critique et écoute.
Le sixième album du plus iconoclaste des rappeurs français est aussi le dernier. Papa Pomme décline une ultime fois son absurde ghetto et tire sa révérence, mais avec le majeur tendu. Pas de chant du cygne, donc, ni d’oraison débile : Grems est un loup, une racaille qui a passé treize ans à inventer et en remet une couche, entre rap, electro zinzin et flows baisés. Mais, il y a plus : sous les architectures outrées de cette musique de gogol, Grems livre un chant empli de colère envers le rap français, ses médisances et son immobilisme.
Depuis treize ans, Grems a cherché autre chose, s’est moqué des obsessions du rap pour les remplacer par des sacs de trouvailles. D’ici, on réalise l’ampleur du chemin, du label De Brazza à Deephop Panel, on se souvient du projet artistique Silverbridge, des créations parallèles Olympe Mountain, Rouge A Lèvres ou PMPDJ, du collectif Fronce et des graffitis grandioses.
A jamais seul sur ces territoires hybrides, ce “dérivé des anges” a livré au rap français une de ses excroissances pathogènes les plus jouissives, une vindicte dada, constante, technique et inventive – qu’on espère voir jaillir encore de quelques ep épars. Planquez vos filles, vos mères et vos rappeurs : Grems ne meurt jamais.