La jeunesse sonique de Chicago est de retour. Et le trio surprend par sa force de frappe autant que par sa sensibilité.
Volume poussé à fond, les enceintes ronronnent sous la caresse électrique, impatientes de déverser un déluge de décibels au-delà de la scène. Face au public, trois adolescents fluets que l’on pourrait croire sortis tout droit de la prochaine saison de Stranger Things.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Trois gremlins chevelus, de ceux qui une fois mouillés à la bière s’apprêtent à réaliser ce que les jeunes font de mieux : se fracasser ensemble contre le mur du son. Dès les premières notes, Lifeguard surprend. Leur musique est crue et jubilatoire, puissante mais maîtrisée. Difficile de ne pas être frappé·e par l’écart entre leur air juvénile et cette radicalité sonore.
Une musique qui ose frapper fort
Rapide présentation de ces (presque) nouveaux venus : Lifeguard se forme en 2019 à Chicago autour d’Asher Case (basse, chant) et d’Isaac Lowenstein (batterie). Ils seront rejoints quelques mois plus tard par le chanteur et guitariste Kai Slater, à l’occasion d’un concert avec Horsegirl (signé également chez Matador).
En 2020, ils livrent un premier album inspiré et remarqué, Dive. Ils reviennent avec Crowd Can Talk/Dressed in Trenches, assemblage de deux EP enregistrés dans des sessions séparées, mais au sein du même studio et en moins d’un an.
Un mélange de noise, de posthardcore et de punk
Crowd Can Talk a été initialement publié à l’été 2022 par le label de Chicago Born Yesterday, tandis que Dressed in Trenches propose cinq chansons inédites. Sur ces neuf titres, les kids affichent explicitement leur goût pour Unwound, At the Drive-In, Bauhaus et certaines signatures du mythique label indépendant SST (Bad Brains, Sonic Youth, Dinosaur Jr.). À l’image de leur musique qui ose frapper fort, sans se départir d’une vraie personnalité, le trio mélange noise, posthardcore et punk avec une sensibilité mélodique surprenante.
Ici, le spleen fait part égale avec la rage. C’est juste et percutant. “You’ll wish you were sixteen again”, chantaient autrefois les Buzzcocks. Si, en effet, la nature ne peut souffrir que l’on vive sans vieillir, Lifeguard nous offre au moins un véritable bain de jouvence. En eaux troubles, évidemment.
Crowd Can Talk/Dressed in Trenches (Matador/Wagram). Sortie le 14 juillet.
{"type":"Banniere-Basse"}