La série reine du jeu de rôle japonais se réinvente sous le signe de l’action et la double influence de “Game of Thrones” et de “L’Attaque des Titans”.
C’est quoi, Final Fantasy ? Peut-être moins une série de jeux de rôle (née en 1987) qu’un label, un mot de passe, une promesse que, cette fois encore, vous allez voir ce que vous allez voir.
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Une chose est sûre : en 2023, ce n’est plus une aventure dont, comme aux échecs, les combats se déroulent au tour par tour car, après leur avoir ajouté au fil des années une dose de “temps réel” la saga bascule totalement dans le jeu d’action avec son épisode XVI aux affrontements repensés par Ryota Suzuki, un ancien de Capcom ayant œuvré sur Devil May Cry 5 et Dragon’s Dogma. Au risque de se trahir ?
Femmes fortes
Étonnamment ou non, cette question de la filiation, du poids du passé, de la nécessité de l’accepter ou de s’en libérer avec, en utopie subliminale, la perspective d’être plusieurs êtres ou choses successivement ou à la fois se trouve justement au cœur du récit touffu de Final Fantasy XVI. Ce dernier nous entraîne en compagnie d’un dénommé Clive aux airs de néo-Albator (le bandeau sur l’œil en moins) dans une sombre histoire de lutte entre nations avec créatures géantes en renfort, sous la double influence un rien indigeste de Game of Thrones et de L’Attaque des Titans. Mais on peut aussi le voir comme un mélange de soap opera à la cour impériale et de western médiéval-fantastique avec femmes fortes au saloon ou au bordel et chevauchées fantastiques à dos de chocobos au soleil couchant.
Joutes survitaminées
Ne pas imaginer que, tel le formidablement aberrant FF XV, ce nouveau Final Fantasy tiendrait du collage instable, du jeu protéiforme et difficile à cerner. Après plusieurs épisodes “malades” mais flamboyants, FF XVI se révèle au contraire un jeu carré, bien portant et peut-être un peu trop sérieux – où est passée la fantaisie de Final Fantasy ? Le nouveau système de combat, aussi stimulant soit-il, souligne d’ailleurs le problème : à côté des joutes survitaminées contre liches, orcs et dragons, les longues séquences dialoguées tendent dangereusement vers le bavardage plan-plan. Sans parler de l’intérêt discutable de certaines “quêtes” (aller successivement écouter ce que quatre ou cinq personnes ont à nous dire) et de passages un poil scolaires – tiens, encore un PowerPoint sur la situation géopolitique. Mais on ne reprochera jamais à un jeu de nous donner tous les éléments pour comprendre son histoire (une encyclopédie, un tableau des relations entre ses personnages…)
Sexe et grossièretés
D’une grossièreté un peu appuyée (“Merde !”, “Ces putains de sales rats !”…) qui, avec son approche du sexe et de la nudité, est un autre signe de la volonté des développeurs de faire évoluer la série, Final Fantasy XVI pourrait bien être d’abord le fruit de cette conviction qu’énonce plus d’une fois son héros en plein combat : “Si tu peux le faire, alors moi aussi !” Si les autres jeux peuvent faire tout ça, pourquoi pas lui ?
Alors c’est quoi, finalement, Final Fantasy ? Un voyage, d’abord, aujourd’hui comme au temps béni d’Hironobu Sakaguchi. Entre déserts et campagnes, villages et palais, avec ses bons et ses mauvais côtés, ses découvertes qui marquent à jamais et ses étapes ratées qu’incrédule, on se plaira quand même à raconter. Ici, on ne fait pas le tri, on prend le grand et le petit, le lourd et l’aérien, le cuit et le cru. Qui méritent toujours d’être vécus.
Final Fantasy XVI (Square Enix), sur PS5, de 70 à 80€
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