Retour super du rappeur américain le plus malsain et le plus menaçant.
Situons un peu l’ambiance : à côté des histoires racontées par Necro, un scénario d’Abel Ferrara, c’est un peu Louis la Brocante ; en comparaison de ce son glauque, lourd de conséquences et arrache-tripes, le doom-metal le plus sombre, c’est un album d’Henri Dès ; mis en parallèle avec son rap patraque et psychiatrique, tout le gangsta-rap passe soudain pour une aimable comédie romantique, 50 Cent pour une petite fille et NWA pour les 2B3. Le rappeur américain a baptisé son style “death rap”, et il est seul dans sa catégorie : depuis plusieurs albums déjà, il dit la défonce, la white-trash attitude et la mort violente avec une conviction qui fait penser qu’ici on n’est pas au cinéma. Et Necro ne le dit pas avec des fleurs : “Je fais le boulot de Satan”, vocifère-t-il aujourd’hui, comme il beuglait “I need drugs” il y a quelques années. Alors bien sûr, ce rap fier-à-bras et défoncé ne demande qu’à déraper – “T’es qu’un pédé mort, comme Rock Hudson”–, à surenchérir en convoquant une fois encore les exploits de Charles Manson. Tout cela pourrait se résumer à l’exploit sportif – le rappeur le plus sombre du monde ? – voire à l’anecdote outrancière s’il n’y avait ce flow assez bouleversant même dans la dégueulasserie, ces textures hyper gonflées et obsédantes, une grandiloquence et une démesure assez fascinantes des sons, surtout à côté des samples convenus et clinquants utilisés par ses pairs. Fini, ici, le temps d’un rap lo-fi et claustro, Necro voit ample, même si toujours en noir. Un évident racolage en direction du mainstream qui, ayant Halloween derrière lui, n’aura sans doute pas le cran et la force de suivre les scénarios toujours aussi malsains de Necro dans cette nouvelle mise en scène. Dommage, il reste l’un des plus éprouvants et donc un des plus jouissifs films d’horreur américains.
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