Concentrée sur la course contre la montre des employés de la centrale touchée par un tsunami, la mini-série japonaise située en mars 2011 fait preuve d’une rigueur qui la rend palpitante.
Il y a quelques semaines, l’acteur japonais Koji Yakusho remportait le prix d’interprétation au Festival de Cannes pour son rôle de nettoyeur de toilettes publiques passionné de musique (!) dans Perfect Days de Wim Wenders. Un drôle d’objet cinématographique où il excellait. En attendant la sortie du film le 29 novembre, l’occasion est belle de se familiariser un peu plus avec ce comédien passionnant, révélé au public cinéphile par L’Anguille de Shohei Imamura en 1997.
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Le sexagénaire tient en effet l’un des rôles principaux de la série The Days, qui retrace avec minutie la catastrophe de Fukushima, du tsunami impactant la centrale nucléaire le 11 mars 2011 aux jours qui ont suivi, lorsqu’il était question d’éviter le pire. Il incarne le directeur de la centrale, confronté à l’impensable, à la fois forcé de gérer la pression gouvernementale et de se tenir au plus près de ses équipes choquées. Tout cela, Yakusho le fait avec un style singulier, une élégance qui n’empêche jamais la simplicité. L’essence d’un acteur populaire et exigeant.
Retour en arrière
Voilà une façon comme une autre d’entrer dans ce récit d’une catastrophe franchement flippante. Même si des morts directes ont semble-t-il été évitées, les conséquences sur l’environnement et sur la société japonaise – sans compter la question de l’énergie à échelle mondiale – du plus grave accident nucléaire contemporain continuent de marquer les esprits. The Days ne fait pas œuvre de bilan, mais de retour en arrière sur cette histoire à hauteur d’hommes – il n’y a ici que très peu de personnages féminins. Le créateur de la série s’est basé sur la déposition de Masao Yoshida, le directeur de la Centrale, sur le rapport officiel du gouvernement, mais aussi sur le livre du journaliste d’investigation Ryusho Kadota. Si le premier épisode (sur les huit que compte la série) joue plus ou moins la carte classique de l’imagerie-catastrophe – le mur d’eau qui déboule sur les bâtiments fait froid dans le dos –, on se rend compte assez vite que The Days préfère retranscrire les événements avec une forme de lenteur. Ici, le temps ne passe pas assez vite, ou trop vite, c’est selon le point de vue. Cette série d’essence non-spectaculaire a le mérite de ne pas céder aux raccourcis. Sa rigueur fait sa valeur.
Un récit horrifique
L’enjeu principal des premiers épisodes est de refroidir les réacteurs pour éviter une explosion et une catastrophe à grande échelle. En comparaison de celui de Tchernobyl – sur lequel la très belle série de Craig Mazin a marqué l’année 2020 des séries -, l’accident de Fukushima n’a pas impacté les populations alentour de la même manière. La foule et le peuple japonais ne sont pas le sujet principal ici : nous suivons plutôt un petit groupe d’employés de la centrale à la recherche de solutions, au plus vite. De longues conversations ont lieu pour déterminer qui se retrouvera en première ligne pour tenter une manœuvre, et la question centrale du sacrifice se déploie, sans céder aux clichés.
The Days trouve son rythme et son équilibre dans l’exploration technique et humaine d’une situation-limite, où la bureaucratie à la fois fascine et terrifie. Le nom d’Hideo Nakata, qui figure au générique comme réalisateur d’une partie des épisodes – il eut son heure de gloire durant les nineties avec Ring, Ring 2 et Dark Water – nous révèle d’ailleurs ce qui est peut-être le fond de The Days, même si elle n’en emploie pas les codes : un récit d’essence horrifique, à l’horreur trop humaine.
The Days avec Yakusho Koji – Sur Netflix
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