Le mois dernier, la BBC proposait un classement des 100 meilleurs films selon un panel de critiques internationaux pour les 16 années écoulées. Nous nous sommes à notre tour amusés à retraverser nos émois cinéphiles de ce début de siècle afin d’offrir un contrepoint au classement de la BBC. Voici donc nos 100 films, dévoilés par tranches de 25, en partant du dernier.
La deuxième partie du classement (de 75 à 51) est disponible ici !
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100 ex aequo : Ce vieux rêve qui bouge, d’Alain Guiraudie (France, 2001) avec Pierre-Louis Calixte, Jean-Marie Combelle
Court par la durée, grand par la qualité. Et même tellement plus grand que tant de longs métrages. Avec une économie de moyens admirable, de la haute précision dans les cadres et le dialogue, un mix parfait d’humour et de gravité, de légèreté et de profondeur, de réalisme et de fantaisie, Guiraudie chronique la fin de la classe ouvrière et l’homosexualité en milieu prolétaire. En 51 minutes, rien n’est asséné, tout est dit et montré. Rien à ajouter, ni à retrancher. Son premier chef-d’œuvre, avant L’inconnu du lac.
http://dai.ly/x7jbd1
100 ex aequo : Mission impossible : Protocole fantôme (Ghost Protocol, USA, 2011) avec Tom Cruise, Léa Seydoux, Jeremy Renner, Simon Pegg
Après s’être frottée au Nouvel Hollywood (De Palma), au thriller asiatique (John Woo), au nouvel âge d’or de la série télé (J.J. Abrams, à l’apogée d’Alias et Lost), la franchise Mission Impossible poursuit son auscultation méthodique de tous les endroits où le cinéma américain transfuse un peu de sang neuf au cinéma d’action. Pour ce quatrième opus, c’est du côté de l’animation et des studios Pixar que Tom Cruise et sa productrice Paula Wagner vont chiner un nouveau wonderboy en la personne de Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille). Le résultat est un petit prodige d’invention graphique (l’anthologique course à la verticale sur le Burj Khalifa de Dubaï) et de poésie du mouvement.
https://youtu.be/_jfJ9srHCBg
99 : Vice Versa, de Pete Docter (Inside Out, USA, 2015)
Expliquer le fonctionnement des émotions de manière ludique, fantaisiste et inventive, tel est le pari de ce nouveau film des studios Pixar. L’héroïne, la jeune Riley, se trouve justement à ce moment de l’enfance où tout n’est plus seulement amusement. Elle découvre avec un certain malaise que la tristesse et même la dépression feront dorénavant partie du spectre de ses émotions et que ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Un blockbuster d’animation américain sur les bienfaits de la tristesse, qui l’eu cru ?
Teaser : Vice Versa est un des deux films d’animation compris dans ce top.
https://youtu.be/C_GdZhn9Sro
98 : P’tit Quinquin, de Bruno Dumont (France, 2014) avec Alane Delhaye, Lucy Caron, Bernard Pruvost
Administrativement parlant, ceci est une série TV, mais ne chipotons pas : Bruno Dumont est un cinéaste et a clairement envisagé cet objet comme chacun de ses films. A une différence près : l’humour, ici ravageur et s’aventurant jusque dans le burlesque le plus débridé, qui re-dynamise son univers jusqu’ici très noir et solennel. Le cinéaste a toujours sa griffe picturale (mais jamais picturaliste), son regard impavide, politique et métaphysique sur le peuple du Calaisis, mais mâtiné de Laurel & Hardy, de Buster Keaton et de Jean-Pierre Mocky. Le cocktail est aussi puissant qu’imprévisible, ne relevant d’aucun courant répertorié du cinéma français.
Teaser : une autre mini-série, diffusée comme P’tit Quinquin sur Arte en épisodes, mais exploitée au cinéma comme un film, s’est glissée dans ce classement dans les 20 premières places.
https://youtu.be/iyjflOmZJs4
97 : Minority Report, de Steven Spielberg (USA, 2002) avec Tom Cruise, Colin Farrell, Max Von Sydow, Samantha Morton
Sur une suggestion de Tom Cruise, Steven Spielberg adapte une nouvelle de Philip K. Dick et livre une méditation politique très sombre sur la surveillance policière. Dans un monde où les images sont tramées à toutes les strates du quotidiens, où tous les délits sont anticipés et punis avant même d’être commis, Tom Cruise exécute ce qu’il sait faire le mieux au monde : une course sans fin sublimement chorégraphiée, avec pour une unique réponse à l’adversité une nouvelle étourdissante virevolte.
Teaser : Minority report est le moins bien classé des trois films de Spielberg présents dans ce top.
https://youtu.be/hILY1lw6c64
96 : The Social Network, de David Fincher (USA, 2010) avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Rooney Mara
L’invention de Facebook par l’étudiant Mark Zuckerberg, qui vient de se faire larguer, et crée un site pirate rassemblant des données sur les filles de l’université. Ce site prend très vite de l’ampleur. Mais la création du réseau social le plus connu au monde passe paradoxalement par des amitiés trahies et d’amers échecs sentimentaux. The Social Network emblématise une des grandes forces du cinéma américain : sa capacité inentamée à fabriquer des histoires et du mythe sur l’Histoire récente.
Teaser : un des deux films classés dans ce top 100 signé David Fincher.
https://youtu.be/r8bkdm048ZM
95 : Looper, de Ryan Johnson (USA, 2012) avec Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt, Paul Dano
On avait découvert le jeune Ryan Johnson avec un curieux premier film, Brick, qui télescopait les codes du film noir avec ceux du teen movie. Pour son troisième long-métrage, il s’attelle aux complications du récit à paradoxes temporels. Un même personnage se poursuit lui-même dans l’écheveau de plusieurs périodes de sa vie. Le résultat est une série B de SF éblouissante de concision, de virtuosité narrative et de puissance visionnaire.
https://youtu.be/gPVzv6m1u-o
94 : La piel que habito, de Pedro Almodovar (Espagne, 2011) avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes
Obsédé par la mort de sa femme victime d’inguérissables brûlures, un chirurgien (Antonio Banderas) reclus dans son laboratoire tente de fabriquer et de tester sur un cobaye une peau génétiquement modifiée capable de résister à toute agression tout en étant sensible aux caresses. Caresses et agressions, deux extrêmes qui résument bien ce vingtième long-métrage du réalisateur espagnol tant il est à la fois glaçant et érotique, déjanté et maîtrise. Egalement hommage au chef-d’oeuvre de Franju, Les Yeux sans visages, La Piel que habito est l’un des films les plus pervers et sombres de son auteur.
https://youtu.be/hrqe2Oq9D2c
93 : 40 ans toujours puceau, de Judd Apatow (The 40 Year-Old Virgin, USA, 2005) avec Steve Carell, Catherine Keener, Paul Rudd, Seth Rogen
Andy Stitzer, 40 ans, vendeur dans un magasin d’électronique un peu geek, est toujours puceau. Ses amis décident de remédier à la situation par tous les moyens possibles. Le premier long métrage de Judd Apatow synthétise les motifs et les obsessions de son œuvre au comique à la fois régressif et amer, en forme de radiographie des fantasmes et des angoisses intimes de l’Américain moyen des années 2000. S’accrochant à la trajectoire de son attachant looser de héros avec une frontalité aussi jouissive que touchante, le cinéaste livre une comédie décomplexée et irrévérencieuse en forme d’écrin pour le génie comique de Steve Carell, dont c’est le premier grand rôle.
Teaser : c’est le seul film réalisé par Judd Apatow dans ce top, mais une de ses productions s’est glissée dans les 30 premières places.
https://youtu.be/k7wImjtiIX0
92 : Les Amours imaginaires, de et avec Xavier Dolan (Canada, 2010) avec Mounia Chokri, Niels Schneider, Anne Dorval, Perette Souplex, Louis Garrel
Deuxième film du réalisateur québécois, Les Amours imaginaires est l’histoire d’un triangle amoureux qui dérape, d’une utopie amoureuse qui échoue. Contrairement à J’ai tué ma mère, son premier film, qui était par certains cotés percutant et aride, ce film magnifique est un condensé baroque d’émotions et de couleurs. Matrice des grandes formes que seront par la suite Mommy et Laurence Anyways, Les Amours Imaginaires s’empare à bras le corps du thème qui traverse toute la jeune filmographie de Xavier Dolan, le désir et le besoin d’amour.
https://youtu.be/OAGZz7Jgr8I
91 : Essential Killing, de Jerzy Skolimowski (Pologne, 2010) avec Vincent Gallo, Emmanuelle Seigner
Un camion transportant des prisonniers talibans a un accident sur une route de montagne enneigée. Un homme s’en échappe, pieds nus et menottes aux poignets. Chassé par l’armée comme une bête sauvage, il va devoir survivre seul dans un environnement hostile. Malgré le caractère un peu douteux du projet (Vincent Gallo en combattant afghan, un pitch survivaliste éculé, et un réalisateur qui ne s’était pas montré vraiment inspiré depuis Travail au noir en 1982), Essential Killing est une méditation sèche et tranchante sur la violence, que son minimalisme tendant vers l’expérimental porte à un degré de puissance et d’évocation quasi-allégorique.
https://youtu.be/gubRPGY15fM
90 : Bug, de William Friedkin (USA, 2006) avec Ashley Judd, Michael Shannon, Harry Connick Jr
Le grand retour d’un fleuron du Nouvel Hollywood porté disparu depuis des lustres. A partir du récit d’un couple prisonnier de sa paranoïa, le signataire de L’Exorciste exorcise ses années loin des sunlights en livrant un thriller souterrainement politique (l’armée américaine y est sérieusement questionnée) qui finit par flirter avec l’art contemporain. Ashley Judd et l’extraordinaire Michael Shannon portent à incandescence ce tour de force plastique et narratif qui fait grimper les tensiomètres et donne du souci à tous les cardiologues.
Teaser : Michael Shannon interprète trois films parmi les cent de ce top.
https://youtu.be/QMRljLE8gQA
89 : Les plages d’Agnès, de et avec Agnès Varda (France, 2008) avec Mathieu Demy, Rosalie Varda, Yolande Moreau
« Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages ». À l’orée de ses 80 ans, la cinéaste Agnès Varda livre un autoportrait filmé en forme de voyage libre et volage à travers ses souvenirs, porté par les objets, les visages, les rencontres et les projets qui ont émaillé ses mille vies. Avec autant d’humilité que de drôlerie, d’inventivité que de poésie, sa voix réconfortante nous mène de son enfance sur les quais de Sète à la petite maison de la rue Daguerre où elle s’initie à la photographie, de ses rencontres politiques et artistiques à son amour pour Jacques Demy, l’homme de sa vie. Un film en forme de bilan d’une vie, certes, mais à la joie lumineuse.
https://youtu.be/_ZV-ApBZVLg
88 : Choses secrètes, de Jean-Claude Brisseau (France, 2002) avec Sabrina Seyvecou, Coralie Revel, Roger Miremont, Fabrice Deville
Où Brisseau porte au plus haut degré l’une de ses préoccupations majeures : les origines, la nature et l’amplitude de la jouissance féminine. Épaule par deux jeunes actrices superbes qu’il magnifie, (Coralie Revel et Sabrina Seyvecou), traducteur contemporain d’Hitchcock, Brisseau livre une œuvre striée de fulgurances sur ce qui est (ou fut ?) l’essence du cinéma : des hommes filmant de jolies femmes faisant de jolies choses, dévoilant un peu de ce qui est secret dans la vie sociale, à savoir les fantasmes, la sexualité, l’inconscient.
https://youtu.be/3ElR9nY6ReM
87 : Mysterious Skin, de Greg Araki (USA, 2004) avec Joseph Gordon-Levitt, Brady Corbet
Brian Lackey a 18 ans et cela fait 10 ans qu’il fait des cauchemars, a peur du noir et se réveille le nez en sang, depuis le soir où il s’est retrouvé dans la cave de sa maison sans savoir ce qu’il faisait là. Persuadé d’avoir été enlevé par des extraterrestres, il va découvrir en compagnie de Neil Mc Cormick, un garçon de son âge, séducteur maladif au visage d’ange, que l’origine de son traumatisme est toute autre. Meilleur film de Gregg Araki, Mysterious Skin parvient à s’emparer du sujet du traumatisme sexuel pour en faire une teen movie pop, cotonneux et poétique.
https://youtu.be/D0kI0pKLMlw
86 : Time and Tide, de Tsui Hark (Hong-Kong, 2000) avec Nicholas Tse, Wu Bai, Anthony Wong
Contrairement à son collègue John Woo, devenu (provisoirement) roi d’Hollywood (Volte/face, Mission impossible 2), le grand Tsui Hark a vu soldées ses deux tentatives US par des bides cinglants (Double Team, Piège a Honk-Kong, tous deux avec Jean-Claude Van Damme). Il revient alors au bercail et signe un thriller rageur, gavé de gun fights pétaradants, à la fois millimétrés et au bord du chaos.
https://youtu.be/Wxk2PPOdw8o
85 : The Myth of American Sleepover, de David Robert Mitchell (USA, 2010) avec Claire Sloma, Marlon Morton, Amanda Bauer
Découvert en 2010 à Cannes, à la Semaine de la critique, ce premier premier long-métrage retrace la nuit de quelques adolescents de Detroit, à la fin de l’été. Les filles se réunissent dans des soirées pyjamas. Les garçons vaquent dans le plus grand désœuvrement. Le film est une variation erratique et ouaté aux classiques de teen-movie 80′ à la John Hughes. Hyper sensible et bluesy, le film annonçait la naissance d’un excellent cinéaste, qui a depuis confirmé avec It Follows.
https://youtu.be/py3mNzXD83c
84 : Blissfully Yours, d’Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande, 2002) avec Kanokporn Tongaram, Jenjira Jansuda
Le film (ce n’était pas son premier) qui nous fit découvrir ce jeune cinéaste thaïlandais totalement inconnu. Qui d’emblée imposait son originalité (un générique de « début » au bout de trois quarts d’heure) sans ostentation : une première partie quasi-documentaire sur une maladie de peau, une seconde plus symbolique, féerique, sylvestre, érotique et panthéiste dans la jungle birmane. Avec quelque chose de renoirien, pour nous Occidentaux. Un grand cinéaste naissait, à la fois attentif au corps, aux rêves, aux fantômes, avec une légèreté grave et un humour discret.
Teaser : il n’est pas impensable qu’on retrouve ce cinéaste plus haut dans ce classement, et peut-être même plusieurs fois…
https://youtu.be/rQa47f1hsN0
83 : Boyhood, de Richard Linklater (USA, 2014) avec Ellar Coltrane, Ethan Hawke, Patricia Arquette
Chronique d’une famille américaine moyenne sur une quinzaine d’années. Si le sujet semble banal, la façon de l’aborder l’est beaucoup moins, Linklater ayant rapproché durées réelle et diégétique en tournant ce film une semaine par an pendant douze années. On voit donc vraiment vieillir Patricia Arquette et Ethan Hawkes mais surtout le gamin, Ellar Coltrane, magistral de 6 à 18 ans. Une parfaite incarnation de la définition du cinéma par Cocteau, « la mort au travail ». Ou plutôt « la vie au travail », ce qui est pareil mais moins sombrement formulé.
https://youtu.be/h2FZ3qWWkLQ
82 : Le nouveau monde, de Terrence Malick (The New World, USA, 2014) avec Colin Farrell, Q’Orianka Kilcher, Christopher Plummer, Christian Bale, David Thewlis
Pocahontas raconté par Terrence Malick, cela donne un film inspiré, mystique, panthéiste et politique. Malick tourne la vie des premiers colons américains. Brutaux, maladroits, stupides, armés de leurs seuls a priori. Avec ses mouvements de caméra caressants et virevoltants, il taille comme des encoches dans le temps, dans la matière (notamment des arbres). Et puis il nous laisse cette image inoubliable : un vieil Indien qui se perd dans les méandres d’un jardin anglais et qu’on ne reverra jamais. Où est-il passé ? Il nous obsède encore.
https://youtu.be/wVUBBW4ALD0
81 : Histoire de Marie et Julien, de Jacques Rivette (France, 2003) avec Emmanuelle Beart, Jerzy Radziwilowicz, Anne Brochet, Olivier Cruveiller, Nicole Garcia
C’est une histoire de revenants (Jacques Rivette tenait absolument au terme, refusant celui de « fantômes »). Julien, l’horloger dépressif, revient à la vie grâce à une femme mystérieuse et propriétaire d’une charge érotique très forte (Emmanuelle Béart, plus troublante que dans La Belle noiseuse, où elle apparaissait nue du début à la fin du film). Comme toujours chez Rivette, il est question de secrets insondables dont le désir serait peut-être le plus mystérieux.
https://youtu.be/zW9VcTOQ1Tk
80 : Super 8, de J.J. Abrams (USA, 2011) avec Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler
À l’orée des années 80, Joe, 13 ans, perd sa mère. Fuyant sa relation tendue avec son shérif de père, il tourne avec ses amis des films amateurs en Super 8, et découvre le goût ineffable des premières amours avec sa voisine Alice. Un jour, la bande de cinéastes en herbe est témoin d’un mystérieux accident, prémisse d’événements terrifiants qui vont se déchaîner sur la ville. En se plaçant avec sincérité dans l’héritage de son modèle Spielberg, Abrams livre un film de science-fiction curieusement apaisé, creusant une veine mélancolique où les moments de pure sidération (un spectaculaire accident de train) accompagnent un récit à hauteur d’enfant étonnamment grave. Le film opère ainsi un fabuleux repli de l’imaginaire sur l’intime, comme s’il fallait déployer toutes les puissances du cinéma pour faire le deuil d’un être cher, et retrouver une dernière fois le regard de sa mère dans les yeux d’un extraterrestre perdu. https://www.youtube.com/watch?v=t-0XuYxh67w
79 : A Touch of Sin, de Jia Zhang-ke (Chine, 2013) avec Jiang Wu, Wang Baoqiang, Zhao Tao
Quatre personnages, quatre provinces et quatre histoires pour un seul et même objectif, dresser la portrait d’une société chinoise contemporaine en proie aux mutations d’un capitalisme effréné et du lot de violences et de corruption qui l’accompagnent. Dixième long-métrage de Zia Zhang-ke, ATouch of Sin marque également un virage dans l’oeuvre du réalisateur puisque ce dernier quitte la pure contemplation pour lorgner du coté du genre du film de vengeance. Un film rebelle et esthétiquement éblouissant.
Teaser : on retrouvera un autre film de Jia Zhang-ke plus haut dans le classement.
https://youtu.be/st9Qn1XEINs
78 : A ma sœur, de Catherine Breillat (France, 2001) avec Roxane Mesquida, Anaïs Reboux, Arsinée Khanjian, Laura Betti
C’est l’été. Anaïs, douze ans, est boulotte. Sa soeur aînée est bien plus belle et délurée. Mais les premiers rapports sexuels un certain malaise : comment ne pas tomber sous la coupe du désir des autres ? Le récit tourne peu à peu au cauchemar, quand la petite remonte vers Paris sur une autoroute effrayante (scène géniale). Mélange de réalisme et de fantastique, A ma sœur est l’un des plus beaux films de Catherine Breillat.
https://youtu.be/dDP8cjc30_g
77 : Spiderman 2, de Sam Raimi (USA, 2004) avec Tobey McGuire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred Molina, Willem Dafoe, JK Simmons
À l’heure où les blockbusters super-héroïques saturent les écrans de leurs trames clonées et de leurs esthétiques homogénéisées, il est bon de rappeler que des cinéastes talentueux ont su s’emparer du genre pour faire naître des œuvres sincères et inventives. Dans ce deuxième volet de sa trilogie, Sam Raimi, délesté des contraintes de l’origine story et du poids des épisodes conclusifs, orchestre un ballet aérien à la fluidité stupéfiante, déployant une inventivité visuelle et plastique purement jouissive sans jamais renoncer aux enjeux humains et intimes. En entrechoquant un Peter Parker cherchant à concilier ses deux identité, un Harry Osborn dévoré par le chagrin et la soif de vengeance, une Mary Jane Watson à la mélancolie envoûtante et un Docteur Octopus aussi terrifiant que tragique, Sam Raimi, en pleine maîtrise de ses pouvoirs et conscient de ses responsabilités, livre un film impressionnant, bouleversant et entier.
Teaser : contrairement à Tobey McGuire, coincé dans les toiles de Spider-Man, Kristen Dunst et James Franco interprètent chacun un film classé dans les trente premières places.
https://youtu.be/enmFqm_N_ZE
76 : The Ghostwriter, de Roman Polanski (France/Allemagne/Angleterre, 2010) avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams, Kim Cattrall, James Belushi
Un nègre littéraire à succès est engagé pour terminer les mémoires d’un ancien Premier ministre britannique controversé. Installé dans la demeure du ministre sur une île isolée, il apprend que son prédécesseur a trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses, et commence à démêler les fils d’un complot aux ramifications obscures. Sur un canevas de thriller d’espionnage où plane l’ombre de Tony Blair, Polanski déploie une mise en scène claire et épurée irriguée par une tension et un suspens quasi-hitchcockien. Il injecte également dans cet entrelacs de séduction et de manipulation une noirceur grinçante et frôlant parfois l’absurde qui en contamine chaque élément, rejouant à l’échelle de ce bout de terre noyé dans le brouillard de l’hiver ses cartes favorites de l’enfermement (ici à ciel ouvert) et de la folie.
https://youtu.be/QNcw0WYPN3s
A noter que nous avons arbitrairement choisis de ne pas respecter l’usage en faisant débuter le siècle le 1er janvier 2000.Classement général réalisé à partir des classements individuels d’Emily Barnett, Romain Blondeau, Alexandre Buyukodabas, Luc Chessel, Bruno Deruisseau, Jacky Goldberg, Murielle Joudet, Olivier Joyard, Serge Kaganski, Jean-Marc Lalanne, Jean-Baptiste Morain, Vincent Ostria, Théo Ribeton, Léo SoesantoNotules rédigées par Alexandre Buyukodabas, Bruno Deruisseau, Serge Kaganski, Jean-Marc Lalanne et Jean-Baptiste Morain
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