Si elle se laisse regarder, “Barracuda Queens” reste malheureusement en surface de son sujet.
On pense inévitablement à The Bling Ring devant Barracuda Queens. Comme dans le film de 2013, la série suédoise sous pavillon Netflix, qui débarque ce lundi 5 juin, s’inspire d’une histoire vraie ayant vu cinq adolescentes, difficilement soupçonnables, se transformer en gang de cambrioleuses, non pas dans le Los Angeles huppé de la fin des années 2000, mais dans le Stockholm cossu des années 1990.
Mais à l’inverse de chez Sofia Coppola, qui faisait de son film une sorte de petit manifeste, tendrement ironique, sur la génération Y, biberonnée à internet dans un monde de l’accès perpétuel, ce n’est pas un attrait obsessionnel pour les célébrités (victimes choisies des cambrioleuses de The Bling Ring) qui pousse les Barracuda Queens à commettre leurs larcins, mais des problèmes d’argent et une dette à éponger.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une timide charge sociale
Un motif qui paraît d’abord contre-intuitif, puisque les apprenties cambrioleuses de Barracuda Queens sont issues d’un milieu ultra-privilégié, vivant à quelques encablures les unes des autres dans la banlieue pavillonnaire et fastueuse de Stockholm. Mais après un week-end trop arrosé sur les côtes suédoises, Lollo, Klara, Frida et Mia se retrouvent dans le rouge, et transforment leur “gang” de filles en association de malfaiteuses. Prises au jeu, elles se mettent à dévaliser méthodiquement toutes les villas de leur quartier selon un mode opératoire éprouvé, détroussant argenterie et tableaux de maître tout en s’enivrant de champagne.
De son sujet, la série ne fait finalement pas grand-chose, sinon peut-être la radiographie cynique d’une bourgeoisie hors-sol, qui s’auto-dévore et régurgite d’elle-même. C’est notamment vrai dans ce qu’elle montre des mœurs bourgeoises et interlopes des parents, qui sous le vernis contrefait d’une apparente respectabilité, s’adonnent à des pratiques dépravées qui essaiment fatalement et insidieusement sur leur descendance.
Mais la charge sociale s’arrête à ce stade embryonnaire, et la série est finalement plus attachée à fétichiser les forfaits de ses cambrioleuses de bonnes familles, à grand renfort de ralentis et de tubes des années 1990, qu’à interroger ce qu’ils racontent d’une bourgeoisie déréglée qui s’automutile. Quant au “girl power” scandé par la promotion, il reste coupablement en surface, là où la série aurait pu appuyer plus fort (ou alors plus subtilement) sur le patriarcat triomphant qui conditionne ce monde en vase-clos, où domination argent et sexe s’avoisinent constamment. Si elle se laisse plutôt plaisamment regarder, Barracuda Queens nous apparaît en somme un peu creuse.
Barracuda Queens avec Alva Bratt, Tindra Monsen et Sandra Zubovic, sur Netflix.
{"type":"Banniere-Basse"}