Jusqu’au 18 juin, le Théâtre Vidy-Lausanne propose chaque dimanche de découvrir, au fil d’une belle échappée bucolique, un bouquet de pièces éclectiques en connexion intime avec la nature.
La productrice Caroline Barneaud – directrice des projets artistiques et internationaux au Théâtre Vidy-Lausanne – et le metteur en scène Stefan Kaegi – pilier du très prospectif collectif Rimini Protokoll – conduisent ensemble l’aventure collective de Paysages partagés. Imaginé et coordonné en binôme, ce projet hors normes abat tous les murs pour faire apparaître à l’air libre, en pleine nature, diverses traductions artistiques de l’idée de paysage (avec toutes les ramifications qu’elle peut susciter). Le public peut débusquer les œuvres – réalisées par plusieurs artistes de la scène européenne – à la faveur d’une ballade qui dure environ six heures, en incluant les temps de déplacement d’une œuvre à l’autre et des pauses régénératrices.
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En Suisse, le projet se déploie au lieu-dit Châlet-à-Gobet, sur les hauteurs de Lausanne, où s’étendent plaines et forêts à perte de vue. En France, prochaine étape, il va être présenté au mois de juillet à Pujaut, lors du Festival d’Avignon, dans un paysage et un climat bien différents de ceux de la campagne lausannoise…
Enfilez votre casque de VR
À l’orée du parcours, casque audio sur les oreilles, l’on est invité·e à s’allonger en forêt, regard vers le ciel et la cime des arbres, pour écouter une composition sonore de Stefan Kaegi entrecroisant des bribes de conversations autour de la nature et du cycle de la vie : un premier abord tout en finesse suggestive. Conçue par Begüm Erciyas et Daniel Kötter, à partir d’une réflexion sur la notion de no man’s land, l’expérience suivante amène à observer le paysage environnant d’un double point de vue, à l’œil nu ou avec un casque de réalité virtuelle – pour un résultat hautement surprenant.
Plus loin, Sofia Dias et Vítor Roriz orchestrent un genre de rite initiatique (légèrement) chorégraphié, avec audioguide, invitant non seulement à entrer en interaction physique avec les personnes près de soi mais également à incorporer par la pensée toute la vie qui bruisse alentour dans la forêt. De son côté, Émilie Rousset fait déambuler drôlement à travers champs trois personnages – et un tracteur – en semant des échanges dialogués alertes, parfois truculents, sur la politique agricole et le métier d’agriculteur.
Interludes
Adepte d’une forme de théâtre très novatrice et volontiers perturbatrice, le duo El Conde de Torrefiel achève – et synthétise – le parcours avec une installation audiovisuelle qui frappe par son épure autant que par son éloquence. Sur un long et mince écran rectangulaire posé à terre défile un texte retranscrivant la voix de la nature. Celle-ci prend à partie le public et, à travers lui, l’espèce humaine – sans les ménager, bien au contraire…
Joués au milieu des herbes ou dans les arbres, quatre interludes musicaux joliment incongrus – que l’on doit au compositeur Ari Benjamin Meyers – ponctuent le parcours et accentuent encore la stimulante originalité de ces très fertiles Paysages partagés.
Paysages partagés, jusqu’au 18 juin à Châlet-à-Gobet, dans le cadre de la saison du Théâtre Vidy-Lausanne, du 7 au 16 juillet à Pujaut, dans le cadre du Festival d’Avignon
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