Ces Danois n’ont rien inventé, mais leur noise rétro relève du maléfice.
Chez les Raveonettes, tout est si charmant. Physiquement déjà… Elle : un mini-sosie pas encore froissé de Debbie Harry, joues au carré et cheveux platine alentour. Lui : petit brun savamment gominé comme Matt Dillon dans Outsiders de Coppola. Le guitariste Sune Rose Wagner et la bassiste Sharin Foo forment un duo très glamour qui emprunte son élégance racée à l’esthétique des années 50 et puise ses mélodies intenses dans les trois décennies suivantes. Après Whip It on (2001) – première expérience garage liftée de digressions électroniques –, ces demi-dieux de Copenhague ont créé d’album en album un son à leur image.
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A la croisée ambivalente d’Eden et de Dante, leurs chansons ne dépassent jamais les trois minutes et sont exclusivement composées en si mineur. Lust Lust Lust, le quatrième album des Raveonettes, scelle ainsi les noces improbables du post-punk le plus dark et de la surf-pop la plus solaire. Quand les guitares fuzz de You Want the Candy évoquent les bonbons psychotiques de The Jesus & Mary Chain, quand le vibraphone assassin de Suicide sirote Dead Sound jusqu’à la lie, une basse à la Cure dévore, non sans délice, le cerveau de Lust et le Velvet mène la batterie de Black Satin à la folie. Toute cette noirceur, cette fureur, cette décadence glaciale ne cessent d’être amorties sous des polyphonies vocales dignes des frères Wilson et exaltées par de pures envolées spectoriennes. Jusqu’au grand finale lynchien qui voit soudain Sharin Foo se rêver en Julee Cruise (The Beat Dies)… C’est exquis.
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