Un détective privé part à la recherche de son jumeau disparu. Avec “L’Autre Laurens”, Claude Schmitz s’essaye au thriller féministe, mais n’y parvient qu’à moitié.
Après Braquer Poitiers et Lucie perd son cheval, Claude Schmitz, cinéaste friand d’hybridité et de fantaisie, agitateur de fiction rafistolée et engourdie, change de cap. L’Autre Laurens affiche une ambition de moyens et de forme évidente et offre un grand spectacle visuellement époustouflant, convoquant dans un même geste les spectres d’Hamlet et ceux d’un cinéma peuplé d’antihéros à la gueule cassée et aux cheveux crades, sans doute le signe d’un héritage cinéphile que l’on devine riche en ruptures de ton.
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Quelque chose d’halluciné se produit dans les premiers instants de L’Autre Laurens, mariage de visions psychédéliques rendues par la sensualité plastique du film, sentiment d’étrangeté et de mélancolie diffus et sensation persistante d’un crépuscule à l’horizon. Dans un écrin bleu nuit, miroir du spleen désabusé de son héros, le détective Laurens (Olivier Rabourdin, génial et trop rare) déambule dans ce film labyrinthique à la recherche d’indices aux côtés de sa nièce Jade (Louise Leroy, révélation du film) qui l’a prié d’enquêter sur la mort de son frère jumeau (l’autre du titre).
Qui est l’autre ?
Mais l’autre ici, c’est aussi Claude Schmitz à la fois tout entier investi par la mission d’injecter un peu de féminisme dans un paysage très masculin et en même temps obsédé par ces figures de grands gaillards au cœur tendre (fil rouge de sa filmo). L’un et l’autre ne sont pas incompatibles, mais on sent le cinéaste assez impuissant face à un enjeu d’une relecture contemporaine convoquant les clichés (la bimbo et les hommes) pour mieux les enterrer. L’enjeu trop vite réglé dans une séquence d’empowerment a valeur de règlement de comptes entre l’oncle sexiste et la fille affranchie, entre le film et nous. Reste alors de cette première partie une belle empreinte étoilée et malade, de l’autre, la frustration d’un personnage et d’un pari trop vite esquissés.
L’Autre Laurens de Claude Schmitz est présenté à la Quinzaine des Cinéastes
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