Cinquième jour de festival Génériq avec deux temps forts : un Texan nommé Bayonne et des Martiens appelés Faire
On commence cette cinquième journée du festival Generiq par un raté : on manque la prestation de l’Anglais Charlie Cunningham au Planétarium de Belfort. Trop dommage, tant sa musique à la fois scientifique dans ses constructions complexes et onirique dans ses lavis de guitares flamenco, semblait parfaite pour ce lieu magique, entre technologie et rêverie.
Bayonne est toujours ce formidable entertainer texan
Heureusement, pour l’onirisme, on ne perd pas une miette du concert de Bayonne, à la charmante chapelle du Scénacle de Besançon. L’Américain s’auto-sample en direct en un mille-feuilles mélangeant électronique et analogique. Ses chansons enjouées, ses refrains enfantins offrent à l’electronica et sa rigueur habituelle une évasion joyeuse, joueuse. C’est à la fois contemplatif et incurablement pop, chanté à tue-tête, farouchement physique, incarné, habité. Car le Texan reste un formidable entertainer, dirigeant ses machines avec autant de fantaisie que de rigueur, avec la minutie d’un horloger – ce qui semble la moindre des politesses quand on joue à Besançon. Le jeune moustachu s’agite constamment derrière ses machines, fait le foufou, mais reste surtout un grand rêveur, heureux dans la bulle qu’il créé en direct, à la main. Avec majesté, Bayonne superpose ainsi ses rythmiques mécaniques avec ses propres percussions cognées avec violence, dans un bras de fer toujours aussi jouissif entre l’homme et la machine (spoiler : à la fin, c’est l’homme qui triomphe, parce qu’il possède un cœur et une âme).
Plus loin à Besançon, on s’ancre pas loin du Doubs dans le très impressionnant complexe de La Rodia, bâti sur les ruines industrielles de la ville. On y retrouve avec joie les Anglaises de Kite Base, on y découvre Sandor, un groupe mixte et régional dont on reparlera, on y revoit la rutilante et étonnante machine variété-house de Paradis. Mais la trouvaille du soir est française, elle s’appelle Faire et donne envie de danser des jerks électroniques, de pogoter sur une planète mauve et sans apesanteur. Mines de dandys, poses de rock-stars étudiées en encyclopédie : le groupe ne pourrait être qu’une de ces sensations parisiennes inexportables outre-périphérique. C’est à l’inverse une furieuse usine à tubes assistés par gros bordel qu’offre Faire, avec un immense savoir-faire pour les arrangements et les refrains qui agrippent. Faire joue une musique qui n’a pas encore de nom ou de forme définitive. Son turbulent psychédélisme le fait parfois croiser La Femme sur les hauteurs d’une vague de mercure, mais le reste du temps, cette dance-music orientalisante, punk ou silly-billy semble s’amuser seule. Mais ciel qu’elle s’amuse !