Dans l’est de la France, suite du festival avec la voix en miel de Lambchop et le montréalais en string, Bernardino Femminielli.
« Vous auriez dû voir la dégaine de Bernardino Femminielli quand il est sorti de sa voiture », s’étrangle encore l’un des organisateurs de l’étape mulhousienne de Génériq en ce jeudi soir. « Il portait un jogging et des santiags ! »
Une heure plus tard, le même homme devait amèrement regretter le jogging, alors que le Canadien exhibait sa pâle carcasse uniquement vêtu d’un string en cuir noir de sex-shop d’occasion. Car privé du collectif qui généralement propulse ses chansons troubles en rutilants disco bangers, Bernardino Femminielli transforme son concert en performance pour vernissage de galerie d’art. C’est souvent plus drôle que choquant, à base de sexe grisâtre, de funk borgne, de mines crevardes et d’insultes faciles. Ça rate donc un peu son but, en un show crade et fort en cul, qui fait passer Sébastien Tellier pour un premier de la classe affaire (ou un Giorgio Moroder en rut, privé de sexe depuis trente-cinq semaines). C’est malheureusement, malgré quelques pépites italo-disco, si peu sensuel, si peu groovy que ça ressemble plus souvent à de la viande froide, sans pickles. Ça finit mâle.
Il fait nettement chaud dans le Temple voisin où se produit Lamchop. La dernière fois que l’on avait rencontré leur chanteur Kurt Wagner, sans doute au siècle dernier, il avait plus ou moins mis son groupe entre parenthèses. Il avait repris sa noble activité de charpentier. À Nashville, on l’avait ainsi découvert ajustant, polissant un plancher dans une maison en bois de banlieue. Caresser le bois, que ce soit celui des planchers ou celui de sa guitare relève du même artisanat délicat chez cet homme admirable que l’on retrouve au Temple St Étienne de Mulhouse.
En compagnie d’une fanfare sans heurts, sans pics, il joue une soul-music paisible, suave et humble, qui semble avoir claqué la porte des époques, des tensions, des styles et des mines. À demi-mots, en murmures élégants, grand piano, basse, guitare, batterie, programmations et voix en miel suffisent à faire vibrer les vastes volumes du Temple, à en colorier l’austérité. D’une musicalité à la fois légère, souple, libre et pourtant rigoureuse, savante, le concert est un ravissement, le contre pouvoir idéal aux indisciplines et insurrections qu’on attend ce week-end, toujours sur la tournée Génériq, de à part des Anglais Shame et HMLTD. Comme quoi il n’est nul besoin de porter un string en cuir pour séduire.
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