“Les bons contes font-ils les bons enfants ?” : le podcast qui décortique les récits pour tout-petits

Juste après la famille et l’école, les fictions – qu’elles prennent la forme de films ou de livres pour enfants – sont ce qui influence le plus notre rapport au genre, à la sexualité et à l’amour. Après un épisode sur un jardinier à la philosophie punk, Delphine Saltel s’interroge sur le conditionnement genré qui peut découler des contes que nous lisons aux enfants.

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Dix-neuvième épisode du podcast Vivons heureux avant la fin du monde, “Les bons contes font-ils les bons enfants ?” navigue comme chaque mois entre plusieurs registres : récit intime, reportages et entretiens avec des spécialistes, en l’occurrence Jennifer Tamas, enseignante de littérature aux États-Unis et autrice cette année de l’essai Au non des femmes (Seuil).

L’épisode part du constat que bon nombre de contes enseignent une morale patriarcale, surtout aux petites filles à qui on apprend à être obéissantes, gentilles, pleines d’empathie, dévouées, objectifiées et passives. Faut-il pour autant canceller La Belle au bois dormant et Le Petit Chaperon rouge ? La question est passionnante et la réponse, surprenante, qu’apporte le podcast l’est tout autant.

Via le regard de la chercheuse, le sujet du conte est aussi la notion de consentement

Génération Disney vs. génération Pixar

Spécialiste des XVII^e et XVIII^e siècles, Jennifer Tamas commence par expliquer en quoi les contes des frères Grimm ou de Charles Perrault sont une matière quasi organique, dont les versions et interprétations multiples sont tout aussi valides les unes que les autres. Elle prend pour ce faire le cas de La Belle et la Bête. De prime abord, le conte peut être vu comme une romantisation du syndrome de Stockholm et une normalisation des violences conjugales, finalement atténuées par l’extrême patience du personnage féminin.

Mais via le regard de la chercheuse, le sujet du conte est aussi la notion de consentement. Et on ajoute que la version de Disney peut également être vue par certains aspects comme une critique du masculinisme, à travers le personnage de Gaston et la brutalité de la Bête, de même qu’une leçon d’altruisme adressée aux garçons.

On peut décider de ne plus les montrer aux enfants ou alors de le faire avec un souci de médiation nécessaire afin de jouer sur ce décentrement du regard, il n’en reste pas moins que les contes avec lesquels nous avons grandi nous auront fabriqué·es. Il est d’ailleurs intéressant de noter à quel point il existe déjà un fossé générationnel entre les enfants biberonné·es à Disney et ceux et celles “élevé·es” avec le duo Pixar/Ghibli.

“Les bons contes font-ils les bons enfants ?” (Vivons heureux avant la fin du monde n°19) de Delphine Saltel, réalisé par Arnaud Forest. Sur Arte Radio.

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