Surgi de nulle part, un premier album de pop spectrale, tordue et fascinante. Critique et écoute.
C’est le cauchemar des jardiniers : un parterre impeccable de pensées, violettes et campanules plantées au millimètre, manucurées avec un soin maniaque, qu’envahissent soudainement des hordes d’herbes mauvaises et folles. C’est, au contraire, le bonheur des amateurs de belles trouvailles pop : le surgissement soudain d’un type venu de nulle part (Asheville, Caroline du Nord), inconnu au bataillon il y a quelques mois, qui explique à qui veut l’écouter n’avoir strictement rien à foutre de l’indie bidule et qui sort, au débotté, un premier album formidable d’indie bidule, nommé Melbourne.
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Bricolés, lo-fi, crades, des titres enregistrés dans sa chambrette sur un vieux 4-pistes, puis triturés à l’infini sur un ordinateur. Des chansons branlantes, épineuses, des morceaux dissonants comme ceux de Pavement, psychédéliques comme ceux de Syd Barrett, aquatiques comme ceux de Connan Mockasin. Des mélodies spectrales, flottantes, d’une simplicité confondante ou tordues comme un esprit diabolique, qui valent celles de l’Atlas Sound de Bradford Cox – comparaison la plus évidente. Melbourne, comme un trésor millénaire perdu sous la poussière d’un grenier oublié. Retrouvé, il irradie la beauté.
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