Un disque et un livre sondent la mémoire d’éléphant de Bebo Valdès, géant du piano.
Ramené sur le devant de la scène grâce au film Calle 54 et à son tandem gagnant avec le crooner flamenco Diego El Cigala, Bebo Valdès, aujourd’hui âgé de 89 ans, a suivi une trajectoire pas franchement linéaire. Dans la biographie qu’il lui consacre, Samuel Chambers rappelle ainsi qu’après avoir été un acteur de tout premier plan du jazz cubain des années 50, le pianiste, fuyant le régime castriste, a disparu des ondes et des radars pendant près de trois décennies : il gagna alors sa croûte en égayant les soirées des hôtels et restaurants de Suède, sa patrie d’adoption… Richement documenté, ce livre montre comment cet humble géant a épousé l’histoire ô combien vivante de Cuba et de ses musiques – et Dieu sait si ce genre de mariage d’amour entretient la jeunesse. Enregistré en 1998, l’album Recuerdos de Habana confirme que le savoir de Bebo repose tout entier sur une mémoire perpétuellement recomposée, puzzle changeant dont il ne cesse d’assembler et rassembler les pièces. Qu’il joue des standards ou des compositions de son cru, le pianiste s’ouvre comme un parchemin dont les pages se récriraient au fur et à mesure qu’on les relit. Dans son bouquin, Chambers raconte que Bebo ponctue régulièrement ses phrases par les mots “Pourquoi pas ?” Voilà qui résume la sagesse d’un homme qui n’aura jamais écarté la possibilité de tout vivre, et de toutes les manières.
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