On a vu le dernier épisode de la saga, qui voit à la (légère) baisse la débauche d’action caractéristique de la saga et ennuie poliment.
Où peut-on encore avoir envie d’aller, quand on a déjà visité l’espace ? Avec Fast and Furious 9, la saga emmenée par Vin Diesel avait peut-être atteint la limite de son principe d’éternelle surenchère dans l’invraisemblance, en offrant à Ludacris et Tyrese Gibson un petit tour en orbite à bord d’une Ford Pontiac tunée à mi-chemin entre la DeLorean du Doc et le Faucon Millénium.
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Fast X, dixième volet de la maison, se contente d’une intrigue modestement terrestre, par ailleurs très proche de son prédécesseur, voire de plusieurs d’entre eux : un antagoniste tout-puissant sorti de nulle part (Jason Momoa, comme avant lui John Cena, Charlize Theron…) jure de s’offrir la tête de Dom, et va donc engager avec la “famille” Toretto un jeu du chat et de la souris dispersé dans un défilé de décors destructibles aux quatre coins du globe (Rome, Rio de Janeiro, Arizona)…
La beauferie et rien d’autre
Confiée à Louis Leterrier, ancien poulain de l’écurie Europacorp, récemment en odeur de sainteté à l’argus hollywoodien grâce au hit Lupin, cette suite ne peut donc hélas s’épargner l’effet d’une descente, d’une légère réduction de la mise, résultant en une sorte de reductio ad bessonum. Un spectacle copieux mais platement programmatique, sans réel levier de différenciation : la beauferie et rien d’autre. Déparée de ses dernières couches d’énormité, ramenée à une pyrotechnie en régime de croisière et sans principe spéculatif, la franchise semble désormais défiler dans une espèce d’absence à elle-même, sans poids ni force, ce qui est tout de même un tour de force lorsqu’on fait exploser le Vatican ou que l’on éjecte un bolide sur une autoroute depuis un avion en vol.
Nous prend l’impression que la saga confond parfois le spectacle de ses moyens avec le spectacle tout court : beaucoup de séquences d’actions se jouent en premier lieu sur le nombre de véhicules engagés, ce qui frise le ridicule quand le défilé de Range Rover s’embouteille façon bouchons du périph’ à 19h. À côté de quoi, Leterrier semble ouvertement refuser la folie, à l’image de cette séquence où Han mange un space cake, rapidement suivi d’hallucinations visuelles embryonnaires… et que le film décide inexplicablement de ne rien en faire. Rendez-vous manqué avec un psychédélisme qui n’aurait pourtant pas disconvenu à une franchise préférant visiblement se banaliser.
Fast and Furious X de Louis Leterrier en salle le 17 mai
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