DJ, cofondatrice de label, Chloé s’impose aujourd’hui comme une productrice qui compte avec « The Waiting Room ». Un premier album à la beauté glaciale, qui oscille entre electro dark, folk lo-fi et blues minimaliste.
Ce sont ces maxis (Erosoft, The Forgotten EP) qui ont boosté sa carrière de DJ et lui ont donné une dimension internationale. Des DJ qu’elle invitera à son tour à de nombreuses reprises lors de ses résidences au Pulp. Dans ce petit club lesbien des grands boulevards (qui a fermé ses portes en juillet 2007), Chloé fait ses armes et développe aux côtés de Sextoy (avec qui elle formera le duo Dirty Crystal), Jennifer Cardini, Ivan Smagghe ou Fany Corral (alors programmatrice du lieu) sa vision du clubbing et de la musique électronique : un espace de liberté et d’expérimentation, qui se joue des genres sexuels et musicaux, et où la nuit est encore conçue comme une expérience culturelle. The Dysfunctional Family, la compilation-manifeste brillante et vrillée réalisée à quatre mains avec Ivan Smagghe, et sortie sur Kill the DJ l’an passé, en offre un parfait résumé.
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Forte de cet héritage, elle sort aujourd’hui The Waiting Room. Un disque qu’elle a porté ces deux dernières années, et réalisé un peu partout, en studio et sur son ordinateur lors de ses nombreux déplacements. Loin d’être une accumulation de tracks dance-floor, comme le sont souvent les albums de DJ, The Waiting Room se présente dès la première écoute comme une entité, un monde imaginaire et fantastique. Pour y entrer, on est prié de mettre de côté ses résistances, de lâcher prise et de s’abandonner à son rythme et sa narration si singulières. Cajolé par la berceuse du morceau d’ouverture, on connaîtra une première alerte lors de Be Kind To Me, épopée glaciaire, suffocante et chuchotée, se laissera gagner par la mélancolie enfantine de la sombre It’s Sunday ou par le blues décharné et chanté de Around the Clock. On accélère le pas au son de la bourdonnante et house Suspended, avant de totalement perdre pied et de céder à l’érotisme susurré et lancinant de Brashov, sur lequel elle martèle, tel un sortilège : “I feel so close when you call me”. Comme dans les contes de fées, on mettra donc en garde l’auditeur : on ne sort pas indemne de ce disque fort et exigeant, à la beauté noire et abrasive.
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