De Rennes à New York, en passant par la Chine, Jean-Sylvain Le Gouic revient pour nous sur la genèse de “Without Warning”, le nouvel album de Juvéniles prévu pour le mois de mars.
Au coin du feu de cheminée de la brasserie Barbès, à Paris, nous rencontrons Jean-Sylvain Le Gouic, tête pensante du groupe Junéviles. Après un certain succès, notamment grâce au titre We Are Young (2011), le groupe décide d’aller tourner à l’international et de préparer avec minutie un second album. Trois ans après, Without Warning est fin prêt, et offre un mélange d’électro-pop rappelant les premières heures du groupe, une touche de collaborations en plus.
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Vous étiez trois au départ, vous n’êtes plus que deux.
Jean-Sylvain – Oui, il y avait Pierre et Thibault, et il ne reste que Thibault (Thibault Doray – ndlr). Je suis le principal compositeur, mais on est une sorte de famille élargie. Il y a plein de monde, notamment grâce au studio à Rennes où beaucoup de groupes se croisent.
Justement, le fait de venir de Rennes, ça a influencé votre musique ?
Complètement. C’était notre lieu de rencontre avec Thibault et Pierre, donc c’est symbolique. Il y a un microcosme rennais qui fait que tout le monde est pote dans cette ville. Ça fait dix ans qu’on y joue, et on a reçu des gros soutiens : Mathieu Gervais (assistant de programmation aux Transmusicales – ndlr ), Jean-Louis Brossard (programmateur des Transmusicales – ndlr )… Donc oui ça a clairement influencé notre musique, du moins les personnes rencontrées là bas l’ont influencée.
Il y a une grosse scène rennaise qui se développe non ?
Oui, Il y a plein de choses différentes, que ça soit plutôt orienté rock garage ou électro.
Tu as des scènes particulières que tu aimerais découvrir ?
On n’a jamais joué aux Etats-Unis. J’ai fait l’album à New York, chez Joakim Bouaziz, qui a un studio génial (le Crowdspacer). C’est peut-être un des gros trucs qui manquent de partir là-bas une vingtaine de jours. Y aller en studio était cool, mais tourner là-bas doit être fou.
On vous compare régulièrement à Morissey, Phoenix ou encore New Order, ce sont des influences que vous revendiquez ?
On ne revendique pas trop d’influences, à vrai dire. Morissey et New Order c’était nos débuts, quand il y avait une grosse touche new wave dans le son. C’est presque devenu une question piège aujourd’hui.
En parlant d’influence, vous avez une relation privilégiée avec Yuksek. C’est un mentor ?
C’est surtout un ami de longue date. Il a nous aidés pour notre premier album (Juveniles), on a sorti quelques titres ensemble sur son label Partyfine et il a produit des titres sur Without Warning. On a aussi fait les Transmusicales ensemble avec une super équipe, Chassol au clavier et plein d’autres. Ce n’est pas un mentor mais plutôt un grand frère qui a réussi, et donc un exemple.
Le fait d’avoir décollé très rapidement au départ, c’était une bonne chose avec le recul ?
Oui. On a dû beaucoup travailler, et très vite, mais ça l’a fait. Tout est arrivé d’un coup : la une des Inrocks, les Trans… Si je ne dis pas de bêtises on a sorti We Are Young fin octobre 2011, il y a eu les Transmusicales dans la foulée, puis on a signé chez Capitol et l’album est sorti. Tout s’est plutôt bien passé.
Puis le silence. C’était un choix, vous aviez besoin de voyager ?
On a pas mal tourné, pendant un an et demi à peu près. Ensuite il a fallu écrire le disque et le produire, ce qui a pris pas mal de temps car on a été assez exigeants. Il n’y a pas de raisons particulières, c’était plutôt un concours de circonstances.
Vous avez fait votre retour avec Can We Fix It, pourquoi ce titre ? Il avait un sens particulier ?
Un peu. De manière inconsciente c’était peut-être « après tant de silence, est-ce qu’on peut encore y arriver ? » Ce n’est pas anodin…
Votre nouvel album (Without Warning) sort au mois de mars. Comment l’avez vous préparé ?
Tout s’est fait assez simplement, on a rencontré Joakim et le courant est très vite passé. C’était un artiste que j’aimais beaucoup et j’avais envie de travailler avec lui. On a fait l’album en deux sessions, dans son studio new-yorkais. Il a pris des musiciens de là-bas pour l’occasion : Christopher Berry et Ben Campbell, à la batterie et à la basse. Il voulait avoir un son personnel et avait la couleur en tête depuis l’écoute de nos démos. J’ai découvert la vie là-bas, les sorties, et c’était assez hallucinant de tomber sur autant de personnes talentueuses réunies.
Joakim, vous l’avez rencontré comment ?
Grâce à Guillaume Rossel, un batteur qui joue sur notre album et qui le connaissait. A force d’écouter nos démos, il nous a dit « allez le voir, il sera chaud ». C’est un peu lui qui a fait l’intermédiaire. Ça a plu a Joakim et il nous a dit « c’est super, par contre moi j’habite à New York… ».
Vous n’avez pas hésité à partir ?
Non. C’est la première fois que j’allais là bas, pas pour faire du tourisme mais pour bosser et rencontrer des musiciens. C’est aussi pour ça qu’on fait ce métier.
Ce voyage fait partie de l’album finalement.
Totalement. Le contact est hyper bien passé et je suis vraiment content d’avoir fait ça à New York. On partageait le studio avec Luke Jenner, le chanteur de The Rapture. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles je me suis mis à la musique et à la guitare, c’était parce que j’écoutais ce groupe, et là je me retrouve à aller au restaurant avec Luke, à discuter et à lui dire qu’effectivement c’était grâce à lui.
Vous avez également un lien particulier avec la Chine, pourquoi ?
Ismaël Lefeuvre, qui s’occupe de nous, gère un festival là-bas, French Miracle Tour, et avait invité pas mal de groupes. On a pu tourner en Chine ainsi qu’en Corée, et c’est vraiment particulier car ce sont des festivals absolument énormes. C’est une autre culture mais tu te rends compte qu’un festival est un festival. Le public est là pour découvrir de la musique, comme n’importe où. Ce n’est pas la même chose mais c’est pareil finalement.
La sélection des titres de l’album s’est faite facilement ?
On avait environ 18 morceaux au départ, dont 15 faits avec Joakim. Ce n’était pas forcément une sélection drastique, c’était plutôt pour avoir quelque chose de cohérent. Il y a plusieurs cycles thématiques dans l’album, et des morceaux indispensables. J’ai fais une colonne vertébrale de ce que je voulais, notamment le titre Entitled to Happiness, qui devait absolument clôturer l’album.
Le choix de chanter en anglais a toujours été une évidence ? Vous n’avez jamais eu envie de passer au français ?
Non. C’est plus un choix par rapport aux textes. J’ai commencé mes études par une fac d’anglais, où j’ai suivi des cours d’accentuation, de phonétique, et c’est une langue que j’aime vraiment, la musicalité de la langue. Finalement la voix est juste un instrument et une façon d’utiliser cette langue. Je sais que j’ai des phrases, des mots et même des diphtongues que je vais préférer car je vais mieux les chanter. Je n’arriverai pas à chanter en français, ce n’est pas fait pour tout le monde… Mais il y a des gens qui le font très bien, j’aime beaucoup Paradis par exemple. Ils ont réussi à trouver une couleur et une façon de chanter qui rendent la chose cohérente. Ça a l’air simple mais c’est beaucoup plus compliqué que ça n’en a l’air.
L’esthétique, c’est quelque chose que vous voulez beaucoup développer ?
Oui ! Pour la pochette on a réalisé un gros travail avec un artiste rennais. Il est graphiste mais fait surtout de la sérigraphie, des transferts, et ça nous intéressait d’avoir quelque chose de plus analogique et de plus chaud. C’est une belle continuité de ce qu’on a pu faire sur le disque.
Et pour les clips ?
C’est un peu plus une histoire de chance car ce n’est pas forcément un domaine dans lequel j’excelle. Il faut savoir déléguer et déléguer à quelqu’un avec qui tu t’entends bien à tous les niveaux, autant artistiquement que personnellement. On a eu la chance de travailler avec Rodrigue Luart, qui avait déjà réalisé le clip de Washed Away. C’est une chance d’avoir trouvé la bonne personne.
Au niveau du live, vous avez prévu quelque chose de particulier pour la tournée ?
On est en plein dedans en ce moment-même. Notre live sur Quotidien était plutôt à nu, mais on bosse actuellement sur une scénographie.
Quelles sont les prochaines étapes pour le groupe ?
Il y aura notamment une releasy party rennaise et une releasy party parisienne. La soirée parisienne est prévue le 7 avril à la Maroquinerie ! Tout le monde est motivé et à fond.
Propos recueillis par Manon Michel
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