Fastueuse réédition d’un classique absolu de l’irascible Irlandais. Critique et écoute.
Sur la quarantaine de références que compte la discographie du plus illustre des chanteurs irlandais, Moondance tient la corde au petit jeu du “s’il-fallait-n’en-retenir-qu’un”. Preuve supplémentaire d’une faveur presque unanime (même si Astral Weeks fait figure de sérieux challenger), cette édition super Deluxe où sur quatre CD sont déclinés (fastidieusement parfois) des versions alternatives de chacune des dix chansons originales, ainsi qu’une petite poignée d’inédits.
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A la sortie de l’album en 1970, Van Morrison a 24 ans. Il a quitté Belfast et émigré aux Etats-Unis, laissant derrière lui une carrière aussi brève que foudroyante avec Them et quelques méchants classiques, dont Gloria et Here Comes the Night, repris respectivement par Patti Smith et David Bowie. Il est amoureux, jeune marié et bientôt papa. Une configuration affective qui a son importance.
Car si Astral Weeks, paru un an plus tôt, est un disque du manque et de la douleur avec ses longues ruminations, comme autant d’extensions folk du “stream of consciousness” joycien, Moondance se veut celui de la plénitude. Certifiant une renaissance spirituelle et artistique (Brand New Day), les métaphores et les images pastorales abondent (And It Stoned Me), baignent dans un quasi-panthéisme où le vent, les nuages, la pluie, le soleil servent à peindre les changements d’humeur d’un écorché en quête d’apaisement.
Pénétrant dans le vortex enchanteur de l’amour total (Crazy Love), Van oublie toute colère et chante en pleine lumière. Il en profite aussi pour réinventer sa musique, qui de monochrome passe à un camaïeu fauve avec cuivres, clavecin, basses rondes et guitares acoustiques, formule de base d’une soul celtique qui l’accompagnera désormais et dont il dépose ici la marque avec une fougue et une maestria qui vous laissent heureux et reconnaissant.
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