Créé au Théâtre de Vidy, à Lausanne, et présenté au festival Reims scènes d’Europe, Hospitalités, le nouveau spectacle de Massimo Furlan, parsème de tendresse des thématiques brûlantes d’actualité.
Sur un air de ballade, celle de gens heureux, entrent l’un après l’autre, posément, Gabriel Auzi, Francis Dagorret, Léopold et Véronique Darritchon, Marie-Joëlle Haramboure, Anaïs Le Calvez, Kattina et Thérèse Urruty. Ils vivent tous à La Bastide-Clairence, un petit village du Pays basque classé parmi les plus beaux de France dont on va se rendre compte, à travers l’expérience menée par ses habitants et Massimo Furlan, que si sa beauté est patrimoniale elle n’est pas seulement de pierre.
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Invité là-bas en résidence, Massimo Furlan, un Suisse d’origine italienne, y a passé beaucoup de temps entre 2014 et 2015. Il y a rencontré de nombreux habitants et leur a demandé de parler de la vie qu’ils y mènent et de la manière dont ils imaginent son avenir. L’auteur-metteur en scène s’est aperçu qu’outre le prix croissant de l’immobilier qui rend difficile l’installation au village des propres enfants des habitants, son histoire est liée, depuis le XIVe siècle, à la question de l’émigration et de l’accueil.
De la fiction à la réalité
A différentes périodes, La Bastide-Clairence a en effet accueilli aussi bien des réfugiés fuyant l’Inquisition que des Basques venant d’Espagne, des pèlerins de Compostelle de passage que des échappés des différentes dictatures européennes – des Portugais notamment. Au début des années 1980, la population s’émiette et, à l’initiative du maire, qui s’est passionné toute sa vie pour l’économie, le village offre l’hospitalité à des artisans d’art. Le maire actuel a, quant à lui, accueilli avec une singulière bonhommie l’idée saugrenue de Massimo Furlan, artisan de la parole, d’inviter une famille de réfugiés pour faire baisser le prix de l’immobilier.
C’est cette histoire-là, racontée de manière fractale et polyphonique par les villageois dans une adresse directe au public, qui se déploie dans Hospitalités, de la fiction à la réalité. Car cette idée, qui n’était au départ qu’une matière à fiction – faire croire, en complicité avec le maire et quelques habitants, qu’on allait héberger des réfugiés et observer les réactions de cette annonce –, est devenue une épopée à l’issue joyeuse : l’accueil d’une famille syrienne.
“L’hospitalité est avant tout un geste”
Les récits mêlés de cette farce épique devenue réalité et des vies, des histoires intimes des habitants qui y ont participé, livrées sans filtre et sans pathos, en toute simplicité mais avec force sincérité, composent une odyssée à la beauté homérique traversée de vastes et complexes questions sur l’humanité.
“Dans le récit de l’Odyssée, quand un voyageur étranger arrive, on l’accueille, on le nourrit, on lui donne un lit. En échange, il raconte son histoire. L’hospitalité est avant tout un geste”, conclut Thérèse Urruty, l’air tendre. De la Twingo rose du grand-père de Léopold à Hannah Arendt – pour qui la patrie est sa langue –, l’aventure menée par Massimo Furlan est bouleversante d’hospitalité.
Hospitalités conception Massimo Furlan et Kristof Hiriart, le 11 février au festival Reims scènes d’Europe
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