Inventif, explosif et bouleversant, un étonnant album de rap français. Critique et écoute.
En début d’année, le banal Jailbreak endormait les espoirs nés avec la première carte de visite du rappeur rémois, La cave se rebiff’. Court et intense, Le Sacre du chat les ranime brusquement : compositions atypiques, alliage habile d’électronique et d’acoustique, de chant et de rap filés en structures baroques, la livraison brille par sa charge émotionnelle, sa densité, sa cohérence. Jazz décharné, electro cafardeuse, rap âpre et raide, la musique respire, avance, éclate en codas gracieuses où les pleurs de guitare disputent l’espace à des piments de synthèse qui mouillent le bout des yeux.
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Fondu dans ces paysages qui subliment son baratin, le rappeur y fait jaillir des émotions contrastées, tantôt urgent, volubile et vengeur, tantôt rentré, discret, appuyé sur ce parler imagé qui ne cache pas une forme de fragilité. Cheveu sur la langue et flow adroit, il étreint l’intérieur comme l’extérieur, cristallisant en lignes touchantes la douce folie des grandeurs d’un “smicard avec l’ambition d’Icare”. Rêves et cendres, nuances et fêlures (le coup de maître Tour d’ivoire), Le Sacre du chat est un disque mouvant, vivant, erratique comme le battement d’un cœur abîmé. Lumineux.
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