Les Flaming Lips condensent leur torrent créatif azimuté en six chansons cosmiques : grandiose et fou. Critique.
Conseil : suivre le compte Instagram de Wayne Coyne, désormais nommé “waynewontpostpics ofnakedwomen”, sa collection d’images pour enfants pas sages ayant déjà, deux fois, été éradiquée du réseau social pour cause de publications trop olé olé. Suivre Wayne Coyne en photos, c’est abandonner l’espoir de retrouver son chemin dans les méandres créatifs que dessine un groupe majeur qui, malgré sa popularité, continue à n’en faire qu’à sa tête. Un ciboulot libre et schizophrène, perdu entre des concerts-barnums géants pour masses amoureuses et l’au-delà des marges.
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Suivre Coyne sur Instagram, Peter Pan pervers et grand réenchanteur du monde, c’est voir des femmes nues peintes en fluo, l’entrée en vulve gonflable de la galerie de Coyne à Oklahoma City, les rééditions actuelles du premier maxi trentenaire du groupe sous forme de crâne et cervelle dégoulinante, en taille réelle et en chocolat, d’autres incongruités dont on ne saisit même plus le (non) sens, des photos live incroyables, des collaborations dont on perdra vite la trace. Mais, au milieu de ce chaos psychédélique et pop, c’est aussi trouver des sorties plus conventionnelles ; les Américains sont, après tout et avant tout, des musiciens. Ce fut, en 2013, le cas de l’album littéralement démentiel et malade The Terror. C’est aujourd’hui le cas du mini-album Peace Sword. Qu’il ne faut surtout pas, malgré le décorum et les distractions, prendre à la légère : loin d’être accessoire, Peace Sword est un disque immense, condensé fascinant du patchwork azimuté décrit ci-dessus.
Il fut, à la base, une commande : le générique de fin du film La Stratégie Ender, basé sur le hit littéraire des 80’s du même nom, histoire d’inspiration vidéoludique d’un gamin débarrassant seul la Terre d’une espèce alien envahissante. La chanson initiale, Peace Sword (Open Your Heart) étant une première supernova rayonnante, mélancolique et grandiose, le groupe a laissé son inspiration courir plus loin, plus haut. Très précisément situés entre la luxuriance pop du disque qui a fait leur gloire, The Soft Bulletin, et le dédale expérimental et synthétique de The Terror, les six morceaux de Peace Sword (fantastiques et dédaléens If They Move, Shoot Em’ ou Wolf Children, merveilleux Is the Black at the End Good ou Think Like a Machine, Not a Boy) constituent, réunis, un voyage merveilleux dans l’espace inconnu. On y découvre un aller-retour entre trous noirs effrayants et atmosphères rassurantes, entre les immensités universelles et celles, pas moins cosmiques, des recoins ignorés du cerveau humain.
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