La Russe Oksana Vasyakina est poétesse et activiste. Avec “Blessure”, on découvre sa voix, dont l’engagement et l’approche littéraire sont portés avec la même entièreté, la même fulgurance.
Elle a fait fondre les quelques bijoux de famille dont elle a hérité pour fabriquer deux alliances destinées à sa femme et elle. L’anecdote dit tout de la démarche d’Oksana Vasyakina. Dans ce premier roman, la poétesse et militante pour les droits des homosexuel·les parle de la disparition de sa mère, et son texte devient une magnifique réflexion sur ce que nous pouvons faire du passé qui nous est transmis.
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Vasyakina raconte avant tout un étrange voyage : comment elle a transporté, dans son sac, l’urne funéraire, depuis Voljski, près du Kazakhstan, jusqu’à Oust‑Ilimsk en Sibérie, en passant par Novossibirsk et Moscou.
Plongeant dans ses souvenirs, l’autrice rappelle dans quelles conditions difficiles a vécu sa mère ouvrière, fait le portrait d’une enfance en Russie post-soviétique, nous embarque dans un squat d’artistes moscovites, parle de sa dépression et de sa sexualité, mesure ce qui sépare son existence de celle de la génération précédente.
Elle défend sa conception de la poésie comme terrain d’expérimentation
Vasyakina travaille en poétesse, avec une écriture au plus près du corps, des phrases fulgurantes – “Quand elle est morte, je me suis retrouvée nue sur la route.” Elle ne cesse de s’engager, quand elle aborde la situation des femmes dans son pays, mais aussi quand elle défend sa conception de la poésie comme terrain d’expérimentation, ou réfléchit aux possibles renouvellements du genre romanesque dans l’espace littéraire russophone.
Blessure d’Oksana Vasyakina (Robert Laffont/“Pavillons”), traduit du russe par Raphaëlle Pache, 340 p., 21 €. En librairie le 17 mai.
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