L’acteur britannique est décédé mercredi à l’âge de 77 ans, à Norfolk.
Pour nos générations, John Hurt était un « vieux », un acteur qui se distinguait par sa classe très british et par son visage ultra parcheminé, sorte de paysage ancien creusé par les rides et autres assauts du temps. On en oubliait que l’acteur avait eu une jeunesse comme tout le monde et débuté sa carrière à l’orée des années soixante, avec d’éminents réalisateurs comme Tony Richardson, Fred Zinnemann ou John Huston. Récemment, à l’occasion de réédition DVD de Richard Fleischer, on avait pu ainsi le (re) découvrir dans sa phase jeune premier dans L’Etrangleur de Rillington Place.
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Un talent protéiforme
Au long de sa carrière profuse, il a joué sous la houlette de cinéastes de tous genres, tous styles et toutes latitudes, passant devant la caméra de Jacques Demy (Le Joueur de flûte), Jerzy Skolimowski (Le Cri du sorcier), Alan Parker (Midnight express)… Après déjà de nombreux films, un premier pic notable de son parcours survient en 1980 quand il devient l’Elephant man de David Lynch. Un rôle où il disparaît sous plusieurs couches de maquillages et une oralité embryonnaire mais qui émeut et fascine les spectateurs du monde entier par son étrangeté irréductible, sa monstruosité fragile.
Difficile de s’y retrouver et de percevoir une ligne directrice dans sa multitude de rôles, si ce n’est qu’il a su séduire la plupart des grands auteurs internationaux des trente dernières années. On retient ainsi qu’il fut présent (entre autres) chez Michael Cimino (La Porte du paradis), Sam Peckinpah (The Osterman Weekend), Stephen Frears (The Hit), Jim Sheridan (The Field), Raoul Ruiz (L’œil qui ment), Gus Van Sant (Even cowgirls get the blues), Robert Zemeckis (Contact), Jean-François Laguionie (voix dans Le Château des singes), Guillermo Del Toro (Hellboy, Hellboy 2), Jane Birkin (Boxes), Bong Joon-ho (Le Transperceneige) ou encore Pablo Larrain (Jackie, à l’affiche mercredi prochain), sans oublier des blockbusters tels que la saga Harry Potter, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal ou V pour Vendetta…
Dans cette filmo océanique, on note deux partenaires de prédilection, Jim Jarmush et Lars von Trier avec lesquels il a tourné respectivement trois films (Dead man, The limits of control et Only Lovers left alive avec le premier, Dogville, Manderlay et Melancholia avec le second). Un parcours énorme, marqué par l’éclectisme, l’aventure, l’internationalisme et la curiosité. Pas mal pour un » vieux », autant anglais que citoyen du pays du cinéma.
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