Une formation alsacienne aux idées longues développe un rock revêche et altier.
Loin de nous l’envie de jouer la carte du régionalisme pour parler du rock multiterritorial (musicalement parlant) de Sinaïve. Mais ce sont eux qui commencent leur mini-album (“mini” par la durée seulement) avec La Straßburg comme déclaration d’intention. Guitares en tension, section rythmique implacable et texte aussi concis que sibyllin : cette déflagration première circonscrit le théâtre des opérations.
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Si le noyau dur de la formation (Calvin Keller et Alicia Lovich) est basé à Strasbourg, c’est dans l’arrière-pays qu’a été enregistrée cette Répétition. Pas n’importe où : à La Ferme, fief de Rodolphe Burger dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines et sous la houlette du fiston Simon. Des sessions qui exaltent cette façon si rare de chanter et de mixer la langue française, diluée dans les saturations revêches de la bien nommée Parasite, shoot de pop crade et altière à la morsure venimeuse.
Précision à toute épreuve
Il y a chez Sinaïve une acidité qu’on a connue peut-être sur le premier Grand Blanc et chez Gwendoline, mais rendue ici à une urgence froide héritée du Velvet. Difficile de rêver meilleure renaissance pour le label Antimatière. Ces six titres, d’une précision à toute épreuve, prouvent aussi que Sinaïve ne s’en remet à aucune orthodoxie. Le folk électrique francophone qui innerve Les Diaboliques rappelle, entre autres, à quel point est multiple la généalogie de ces jeunes gens. “C’est pas facile d’être de nulle part”, chantait Bashung en 1979 sur un Elsass Blues dédié à sa région. La relève reprend cet étrange fardeau avec non moins de superbe.
Répétition (Antimatière). Sortie le 14 avril. En concert à La Laiterie, Strasbourg, le 12 mai.
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