À la tête du plus grand festival français, Tiago Rodrigues a dévoilé sa première programmation : Julie Deliquet dans la Cour d’honneur, de nombreuses découvertes anglophones, le retour de figures incontournables… Une sélection somme toute enthousiasmante.
L’obscurité de la Fabrica. Et l’excitation des premières fois. Malgré la dimension un brin protocolaire de l’exercice… Ce mercredi 5 avril, le Portugais Tiago Rodrigues dévoilait la programmation de la 77e édition du Festival d’Avignon (du 5 au 25 juillet) en tant que nouveau directeur. On en attendait beaucoup, forcément. Et l’on fut comblé. Par les noms cités. Par les promesses annoncées. Et pour l’équilibre complexe de sa sélection.
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Parmi les 44 propositions du In, 75 % sont faites par des artistes qui n’ont jamais été invité·es, et 55 % d’entre elles sont portées (ou co-portées) par des femmes ; une excellente tendance… Avec 12 000 places supplémentaires pour des séries de représentations plus longues.
Une programmation réjouissante
On se réjouit de l’ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des papes. Julie Deliquet adaptera Welfare, un documentaire sur le système de santé américain signé par l’illustre Frederick Wiseman. À 43 ans, la directrice du Théâtre Gérard Philipe est la deuxième femme à s’essayer à ce périlleux plateau, après Ariane Mnouchkine.
On se réjouit également de la sélection des artistes anglophones choisis (la langue à l’honneur cette année – laquelle changera tous les ans) : Tim Etchells (la tête pensante du génial Forced Entertainment) avec L’Addition, Alistair McDowall pour All of it, Tim Crouch avec An Oak Tree, Elevator Repair Service pour Baldwin and Buckley at Cambridge… Beaucoup de découvertes. Et cet anglais qui se fera entendre, avec ses infinies nuances, son ironie décapante, sa musicalité entêtante, contre “le globish qui gouverne le monde”, dixit Tiago Rodrigues.
On se réjouit, bien sûr, du retour de la chorégraphe anversoise Anne Teresa De Keersmaeker (citée avec grande émotion par le nouveau directeur), présente avec deux spectacles : la reprise d’En Atendant et Création 2023, sur les walking songs, autour de la figure du bluesman Robert Johnson. Ainsi que celui du polonais Krystian Lupa, qui adaptera Les Émigrants, d’après W.G. Sebald. Comme celui de Philippe Quesne, dont le western écolo Le Jardin des délices marquera, enfin, la réouverture de la Carrière de Boulbon.
Côté Français, citons Julien Gosselin avec Extinction d’après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler ; Gwenaël Morin avec Le Songe (démonter les remparts pour finir le pont), d’après Shakespeare ; Rébecca Chaillon qui reprendra son inoubliable Carte noire nommée désir ; Pauline Bayle avec Écrire sa vie, d’après Virginia Woolf ; David Geselson avec Néandertal… Autant d’artistes qui, par leur fougue et leur sens de la démesure, font entendre le vacarme du monde. Autant d’artistes qui, espérons-le, donneront à voir une nouvelle facette de leur travail.
Très attendu par les amateurs de danse, Trajal Harrell se produira dans la Cour d’honneur du Palais des papes avec The Romeo ; un pari, une fois encore, au regard de l’immensité du plateau. Quant à Bintou Dembélé, celle-ci sera chargée de donner le coup d’envoi de cette 77e édition par G.R.O.O.V.E, avec une déambulation aboutissant à l’Opéra Grand Avignon.
Un beau programme en somme.
Plus que trois mois à patienter…
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