Les ultimes épisodes de la série HBO ont commencé et la tension est à son comble dans la famille Roy, plus déchirée que jamais.
Qui va remplacer le vieux monstre Logan Roy ? Waystar Royco va-t-elle vraiment être revendue ? Et surtout : comment Kendall, Shiv, Roman et les autres enfants du puissant patriarche des médias, parviendront-ils à dépasser leurs relations toxiques d’amour-haine avec lui ? À ces questions et à quelques autres, la nouvelle saison de Succession doit répondre une bonne fois pour toutes. Le créateur Jesse Armstrong a en effet annoncé il y a quelques semaines que les dix épisodes à venir seraient les derniers.
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Une manière de terminer quand tout le monde n’est pas encore épuisé, de chaque côté de l’écran, mais aussi de faire monter la pression à chaque scène, voire à chaque réplique.
Le doigt dans la plaie
Succession a toujours été une série où le moindre détail compte : un regard, une fin de phrase, un geste futile, une manière de s’habiller, un brutal zoom avant de la caméra. Et dans les premiers épisodes que nous avons pu voir, c’est comme si tout se resserrait encore un peu plus. Quand la saison commence, ils et elles appartiennent à deux camps opposés après un énième déchirement familial qui a vu Logan trahir ses enfants – les désormais célèbres épisodes toscans, diffusés en 2021. C’est le moment d’une négociation de plus, le rachat d’une entreprise pour laquelle les deux parties proposent des offres concurrentes et font grimper absurdement les chiffres. Il n’y a pas tellement de raison dans la façon dont les un·es et les autres gèrent leur capital, mais une longue et prégnante odeur de soufre qui occupe presque tout l’espace. Plus à l’os que jamais, Succession ne s’embarrasse plus de la moindre recherche d’élégance, pour garder constamment le doigt dans la plaie.
Cela donne de grands moments, parfois d’un comique totalement assumé. Greg, le cousin/neveu benêt, se trouve en première ligne sur cette question, avec une histoire de sextape si ridicule qu’elle ne semble avoir pour objet que de montrer la vanité d’un milieu. Sur le fond, par contre, rien n’est drôle, car tout est en train de mourir : l’espoir d’une famille qui se parle avec bienveillance, la perspective de l’amour également. Dans la plus belle scène du premier épisode, Shiv et son mari Tom se retrouvent un soir tard dans leur immense appartement new-yorkais. Depuis que ce dernier a choisi de soutenir son beau-père, le couple qui était déjà en difficulté s’est lentement évaporé. Du temps a passé, la séparation se dessine. Dans une de ses rares concessions envers une forme de sensibilité et même de romantisme, Jesse Armstrong montre à ce moment-là qu’il sait nous briser le cœur. Cela n’a pas toujours été le cas de la série en général, qui a souvent éprouvé ses limites en laissant ses personnages gesticuler dans la méchanceté.
Putréfaction
Désormais, il faut porter la fiction à hauteur de l’événement. Et savoir comment finir. De ce point de vue, les premiers épisodes de la saison ressemblent à une longue et étrange litanie, où ce qui a toujours rendu la série fascinante devient son moteur : nous sommes préparé·es à tout, puisque les événements n’ont jamais vraiment le goût de la surprise, mais nous ne sommes en même temps préparé·es à rien face à la férocité de la vie.
Cette vision du monde toute simple, Succession l’applique à ses personnages et à nous. Cela fait de la série une sorte de bombe qui explose sans discontinuer et dont les éclats peuvent nous toucher à n’importe quel moment. Si la mort plane donc un peu partout, c’est aussi et surtout de l’étape d’après dont il est question : la putréfaction. Un lent processus de décomposition. Jesse Armstrong et son équipe nous parlent depuis cet au-delà fait de pourriture, où ils ont le courage d’aller. Mais cette putréfaction doit être à peine visible et sans odeur, à l’image de l’ultra libéralisme contemporain dont les personnages de Succession sont les zombies. On saura bientôt si les zombies peuvent pleurer.
Succession saison finale. Disponible avec le Pass Warner sur Prime Video.
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