Créée par Janine Nabers et Donald Glover, cette virée délirante et sanglante s’inscrit dans le prolongement stylistique d’“Atlanta”, mais est écrasée par ses effets de manche et la gratuité de son dispositif narratif.
Dre (Dominique Fishback), jeune femme réservée et mal dans sa peau, ne vit que pour Ni’Jah (Nirine S. Brown), une popstar fictive inspirée par Beyoncé. Lorsque sa sœur Marissa (Chloe Bailey) se suicide, son obsession dévorante prend un chemin sanglant.
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Disponible depuis quelques jours sur Prime Video, la série Swarm (“L’Essaim”) est née sous des auspices prometteurs : co-écrite par la dramaturge Janine Nabers, elle accueille quelques invitées inattendues (Billie Eilish, Paris Jackson…) et marque le retour aux affaires de l’équipe d’Atlanta, notamment Stephen et Donald Glover. De fait, il serait tentant de l’appréhender comme une excroissance de cette œuvre-monde dont elle partage l’ADN esthétique (format 4/3, grain de la pellicule, cadres raffinés et traitement stylisé des couleurs) et l’ambition narrative de saisir, à travers un filtre stone rongé d’étrangeté, les multiples facettes des existences noires dans l’Amérique contemporaine.
Audace et séquences choc
Si de nombreux motifs appuient cette filiation (la série pourrait presque constituer une version longue d’un des épisodes concepts d’Atlanta), il ne faudrait pas passer à côté du fait qu’elle raconte tout autre chose. Sillonnant le pays en assassinant sauvagement celles et ceux qui ont eu le malheur de critiquer Ni’Jah face à elle où sur les réseaux sociaux, Dre éprouve une descente aux Enfers marquée par une déréalisation progressive et une porosité à l’univers esthétique de la popstar.
Plutôt habile lorsqu’elle confronte son personnage à des environnements auxquels elle n’appartient pas, Swarm fait preuve d’une certaine audace en projetant l’intériorité d’une femme noire dans des figures (celle du serial killer) et des trajectoires (l’échappée criminelle) généralement incarnées par des corps blancs et masculins. Elle se révèle en revanche moins inspirée dans son traitement caricatural du star-system et de la fascination toxique dont les effets de manche stylistiques écrasent le soubassement sensible – la solitude et la détresse de son personnage mentalement instable. Soumise à une mécanique dramatique arbitraire, la série multiplie les séquences choc et les sorties de route imprévisibles au risque de nous laisser sur le bas-côté, ses belles promesses asphyxiées dans un écran de fumée sanglant.
Swarm, de Janine Nabers et Donald Glover, avec Dominique Fishback, Nirine S. Brown, Chloe Bailey… Sur Prime Video.
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