C’était il y a déjà une semaine, mais comment oublier le premier concert brûlant de Juliette Armanet à l’Accor Arena, ce feu Palais Omnisports de Paris Bercy ?
Dans cette salle pourtant rédhibitoire à taille inhumaine, réunissant un auditoire d’au moins 15 000 personnes, “la plus petite chanteuse de France”, comme elle aime le rappeler au micro, a livré une prestation d’une générosité totale, d’une chaleur humaine et d’une folie douce : “J’ai l’impression d’être projetée dans un péplum.” Accompagnée par un groupe brillant (le saxophoniste Adrien Soleiman, le guitariste Adrian Eudeline, le claviériste Corentin Nit Kerdraon, le bassiste Jérôme Arrighi, le batteur Louis Delorme, le percussionniste Pedro Barrios), Juliette Armanet a enflammé Bercy, capable de traverser la foule compacte pour interpréter quelques titres au piano blanc (dont l’immense et bien nommé Vertigo) et faire chanter en chœur Le Dernier jour du disco pour un concert enthousiasmant, ardent et revigorant.
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Jusqu’à ce que ce vendredi 17 mars 2023 rentre dans les annales, à l’aune d’un rappel improbable donc inoubliable. Car au moment de s’asseoir derrière son piano droit sur la scène gigantesque de l’Accor Arena, Juliette Armanet entend, comme les spectateurs, retentir l’alarme ordonnant l’évacuation de la salle par les issues de secours, sans qu’aucun indice perceptible ne vienne corroborer cette annonce de la sécurité de Bercy. À l’incompréhension et la stupéfaction générale, succède une sortie du public dans un calme olympien… D’aucuns prennent même leur temps, pensant comme beaucoup à un incident passager, voire à une mauvaise manipulation, et espérant néanmoins assister à la fin du show de Juliette Armanet.
Avant qu’une dizaine de minutes plus tard, le rappel puisse reprendre, comme si de rien n’était ou presque. Dans un état émotif légitime, la chanteuse lilloise revient donc sur scène. En attendant que le son revienne, elle improvise a capella Le Dernier jour du disco, avant de se lancer dans un slam populaire. Puis de s’enfiler un shot de vodka pour retrouver ses esprits et d’attaquer le rappel par Je ne pense qu’à ça. Son premier Bercy bascule ainsi dans une autre dimension. Le bien nommé Sauver ma vie et Le Rouge aux joues tombent à pic pour clôturer cette soirée absolument mémorable. “Qu’importe si tout nous met à genoux/Moi, je n’oublierai jamais”, chantait-elle au début du concert. On s’en souviendra encore dans dix ans.
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