Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) peine à réunir les 500 parrainages de maires pour se présenter à la présidentielle. Il lance formellement une « alerte démocratique ».
Le voyant est au rouge – c’est le cas de le dire – au siège du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Ce 16 janvier, Philippe Poutou, le candidat ouvrier à la présidentielle, a lancé une « alerte démocratique » lors d’une conférence de presse au deuxième étage de la Rotographie (« la roto », pour les intimes), à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Alors qu’il n’a jusqu’à présent récolté que 200 promesses de parrainages de maires sur les 500 exigées pour être officiellement candidat, il est menacé de ne pas pouvoir concourir au scrutin majeur de la Ve République.
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Philippe Poutou (NPA) lance une "alerte démocratique" : 200 signatures de maires récoltées pour #Presidentielle2017, "c'est trop peu!" pic.twitter.com/GdNPEhgA3T
— Mathieu Dejean (@Mathieu2jean) January 16, 2017
« C’est trop peu! »
« C’est trop peu !, insiste Christine Poupin, la porte-parole du NPA, présente à ses côtés. La question posée aux maires n’est pas de savoir s’ils veulent voter pour Philippe Poutou, c’est une question démocratique : s’il n’est pas présent, il manquera un courant d’opinion qui s’est exprimé dans les mobilisations contre la loi Travail, dans les luttes féministes, antiracistes et de Notre-Dame-des-Landes. Il serait normal que cette voix soit présente ».
L’ouvrier de chez Ford, déjà candidat en 2012 (il avait obtenu 1,15% des voix), s’est déclaré précocement, en mars 2016. Assez tôt pour régler la question des 500 signatures, pensait-il : « On est obligé d’anticiper, car pour nous c’est l’équivalent d’un tour préliminaire pour réussir à être vraiment dans l’élection ». Mais cela n’a pas suffi.
Sur les 500 maires qui lui avaient prêté leur signature en 2012, entre 200 et 250 sont encore en place. Mais certains rechignent à réitérer leur geste, pour ne pas être « trop marqués » – alors que beaucoup sont non-étiquetés. Pour Jean-Marc Bourquin, membre du NPA qui a sillonné l’Aisne à la recherche de parrainages, certains édiles n’osent pas soutenir un communiste révolutionnaire alors que la majorité de leurs administrés votent FN : « Ils ont peur de sauter aux prochaines élections », se désole-t-il.
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Le parcours est donc semé d’embûches pour le successeur d’Olivier Besancenot, candidat presque malgré lui (comme le relate un récent portrait dans la revue Charles), alors que les maires devront communiquer leurs parrainages au Conseil constitutionnel entre le 24 février et le 17 mars. Comment exister dans un contexte politique « vampirisé » par les primaires du PS ? Comment convaincre les médias de lui donner davantage la parole, alors qu’il est crédité de 2,5% des voix selon les sondages ? Philippe Poutou raille à ce titre l’emballement médiatique autour d’Emmanuel Macron, « un pur produit médiatique alors qu’il ne propose rien de neuf, à part son âge! ».
Tournant historique
« On pensait mettre des hologrammes sur tous les plateaux télés, mais on n’a pas les moyens ! », blague le syndicaliste CGT de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), en référence au futur meeting de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, candidat de la France insoumise, a annoncé depuis peu avoir réuni plus de 500 parrainages. Selon le NPA, des discussions pourraient être engagées avec son équipe pour savoir s’ils pourraient lui transférer ses parrainages supplémentaires. « Dans l’ordre de priorité, cela me semblerait plus normal d’appeler à ce que Poutou soit bien présent, que d’appeler à ce que Marine Le Pen ait bien tous ses crédits », signale Christine Poupin, alors que le fondateur du Parti de gauche a enjoint aux banques d’avoir « pitié » de la candidate du FN.
Alors que Lutte Ouvrière (LO), autre formation d’extrême gauche, ne communique pas sur ses parrainages, le NPA reconnaît donc que la pente est raide. L’absence de Philippe Poutou en 2017, huit ans après la fondation du NPA (qui ne compte plus que 2 000 adhérents), signerait un tournant historique. On en mesure l’étendue en parcourant les couloirs de la « Rotographie », l’imprimerie historique du journal de la LCR, Rouge, de 1975 à 2009, dans lequel Edwy Plenel (fondateur de Médiapart) côtoyait Bernard Guetta, Patrick Rotman, Daniel Bensaïd ou encore Michel Field (le patron de France Télévisions). Dans un couloir imprégné d’une odeur d’huile et de ferraille caractéristique des rotatives, une affiche collée sur la porte du bureau d’Alain Krivine (le fondateur historique de la LCR) rappelle qu’il fut le premier candidat de la gauche révolutionnaire à la présidentielle, en 1969. A l’époque, L’Hebdo Hara-Kiri lui consacrait une « une » rêveuse en président de la République. En 2017, on en est bien loin.
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