Grâce à son premier album, dont l’enregistrement en huis clos laisse la part belle à son timbre suave, la chanteuse et musicienne anglaise d’origine chinoise se révèle autant à elle-même qu’à son auditoire.
En chinois, “yian” signifie hirondelle, et c’est l’un des surnoms donnés par ses parents à Lucinda Chua. Qui, sur la pochette de son premier album, arbore des ailes translucides. “Une image classique et intemporelle, vulnérable et puissante, commente-t-elle, qui s’inspire de l’hirondelle, l’oiseau chanteur qui migre entre deux endroits. Ces ailes ont été spécialement confectionnées par la scénographe Lydia Chan.” L’image, elle, a été façonnée par la photographe franco-vietnamienne Nhu Xuan Hua, “une artiste phénoménale et une amie proche” : “En travaillant avec deux femmes asiatiques, au sommet de leur carrière mais dotées de beaucoup de bienveillance, je me suis sentie en sécurité pour lâcher prise et devenir Yian.”
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Après avoir fait partie du groupe Felix, puis publié deux EP baptisés Antidotes, remarqués par leur subtile utilisation du violoncelle, Chua signe un écrin de minimalisme ambient où sa voix, au creux de nos oreilles, susurre son intime poésie. Si un morceau s’appelle Meditations on A Place, ce n’est pas (uniquement) pour la beauté lexicale : Yian incite à la contemplation. De notre environnement, de l’autre mais aussi de nous-même. La respiration et le silence sont cruciaux, en témoignent les références de Chua. Ouvertement influencée par Spirit of Eden et Laughing Stock de Talk Talk, celle-ci revendique son amour pour la bande originale du film japonais All About Lily Chou-Chou, qui met en relief les œuvres pour piano de Claude Debussy. Durant les entrelacs vocaux de You, on pense aussi à Björk, la reine de la toile sonore… Laquelle répond ici à une parfaite symétrie mélodique – les rythmiques ne se manifestent qu’en creux.
Crooneuse de chambre
Fabuleuse crooneuse de chambre que Lucinda Chua. « Le processus de se perdre dans la musique est très apaisant, dit-elle. Je peux passer des heures seule dans le studio à créer mon propre petit monde sonore – c’est un espace à moi pour penser, rêver et donner forme à de nouvelles idées.” Les cordes et les claviers, d’une délicatesse saisie en plein vol, contrastent avec une sincérité abrupte, celle du superbe Golden ou d’Echo, qui questionne l’identité et les hontes transmises, souvent inconsciemment, par nos aïeux.
Née d’une mère anglaise et d’un père sino-malais, Chua a grandi à Milton Keynes, dans le Buckinghamshire en Angleterre. Ses racines asiatiques, au cœur de ses réflexions tant personnelles qu’artistiques, nourrissent le propos de Yian. ”J’ai grandi à l’intersection de plusieurs cultures qui ont façonné mon identité et ma vision du monde. Cette expérience est le pilier central de mon travail d’artiste, et je suis toujours à la quête de rencontres avec d’autres personnes issues de la diaspora asiatique, ou dont la vie a été façonnée par plusieurs traditions. Souvent, je sors de ces conversations avec de nouvelles perspectives, qui nourrissent ma musique. Et inversement.”
Yian (4AD/Wagram). Sortie le 24 mars.
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