Une quête fantasque qui ne fera frissonner que les fans de têtes couronnées.
Le cinéma anglais n’est certes pas, comme le disait un jeune Truffaut provocateur, une “contradiction dans les termes”, mais il peut ressembler parfois à quelque chose qui ne nous regarde pas tout à fait. The Lost King fait l’effet d’un film sur lequel on tomberait en zappant nonchalamment la télé, à l’hôtel, une nuit de passage outre-Manche – l’équivalent, chez nous, d’un téléfilm avec Stéphane Bern ou d’un épisode de HPI.
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On y rencontre Philippa, honnête mère anglaise sans histoires, qui se découvre une passion pour Richard III, si maltraité par la pièce de Shakespeare et la mémoire collective qu’il en a été retiré de la généalogie royale et qu’on ne s’est jamais occupé·es de chercher sa sépulture. Philippa n’a pour seul allié que son enthousiasme d’amatrice entêtée, mais elle va la trouver, et réhabiliter le roi.
Roi de farces et attrapes
L’anecdote est vraie, incontestablement insolite, peut-être même un peu touchante, mais valait-elle un film d’exploitation internationale ? The Lost King nous pousse à en douter. Son formatage scénaristique, son héroïsation gentillette du bras de fer de madame Tout-le-Monde contre un establishment poussiéreux n’ont rien d’intrinsèquement révoltant. Mais certains ressorts de mise en scène restent compliqués à avaler (les séquences entre Philippa et Richard III, qui lui apparaît en visions sous la forme d’un roi de farces et attrapes – ouch).
Il y a dans cette fable contemporaine quelque chose de si circonscrit au rapport que les Britanniques entretiennent avec leur Couronne qu’il est assez difficile de s’y investir émotionnellement : désolé, mais la “démocratisation de la royauté”, ça ne nous fait rien ressentir, à nous – à part peut-être à Stéphane Bern.
The Lost King de Stephen Frears, avec Sally Hawkins, Harry Lloyd (R.-U., 2022, 1 h 49). En salle le 29 mars.
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