Scott Z. Burns réunit un casting de stars pour parler des enjeux du dérèglement climatique. Une série en 8 épisodes qui plaît sans convaincre.
En 2011, le film Contagion de Steven Soderbergh projetait l’effondrement de l’humanité face aux assauts d’un virus à travers un faisceau de trajectoires individuelles, dont le traitement naturaliste convoquait davantage la recension clinique de La Peste de Camus que le pompiérisme habituellement associé aux apocalypses hollywoodiennes. Son scénario était signé Scott Z. Burns, collaborateur régulier du cinéaste dont les lignes ont acquis, par la force de la pandémie de Covid-19, une teinte prémonitoire.
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Il officie aujourd’hui comme showrunner d’Extrapolations, ambitieuse série d’anticipation qui imagine les impacts sociaux, humains et moraux du réchauffement climatique à travers huit histoires relativement indépendantes les unes des autres, malgré les liens qui connectent certains personnages. Comme une façon d’embrasser pleinement cette qualité d’augure, en imaginant les grands mouvements possibles du monde à partir de faits établis et de projections scientifiques étayées (les rapports du Giec semblent presque constituer la “Bible” secrète de la série).
Une série située en 2037
Une sorte d’ »Histoire du futur”, pour reprendre le concept appliqué par Isaac Asimov dans son cycle romanesque Fondation (également adaptée en série par Apple), qui prélèverait quelques destins individuels pour esquisser une marche du monde forcément anxiogène. L’inaction des gouvernements et la pression des acteurs financiers balayent dès le premier épisode l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d’ici la fin du siècle. Les catastrophes s’enchaînent en une gradation funeste au fil des décennies : de gigantesques feux de forêts rendent l’air de moins en moins respirable, la fonte totale des glaciers occasionne une montée du niveau des océans qui submergent de nombreux territoires, le nombre de réfugié·es climatiques explose et les espèces animales disparaissent les unes après les autres.
Dotée d’un casting faramineux (Meryl Streep, Forest Whitaker, Marion Cotillard, Tahar Rahim, Kit Harrington, Edward Norton, Tobey Maguire…), la série s’inscrit également dans la lignée de Don’t Look Up ou Glass Onion, superproductions “engagées“ au casting all star dont l’hypertrophie formelle abrite un propos finalement plus proche du discours de circonstance aux Oscars que du pamphlet politique.
Nuage de pixels
Noyée dans une esthétique publicitaire, Extrapolations nous bombarde de concepts qu’elle n’a pas le temps de creuser et souffre d’un ancrage humain trop peu investi – ce sont pourtant les drames intimes noués au désastre global qui lui offrent ses moments les plus forts.
Brassant un spectre temporel, géographique et thématique trop large, elle ne parvient pas à se doter d’une incarnation et d’une émotion à la hauteur de son propos, ce qu’une série comme Years and Years, plus ramassée et sensible, atteignait avec brio. Malgré de bonnes idées et des intentions louables, ses visions s’additionnent comme un infime nuage de pixels face à la tempête à venir.
Extrapolations de Scott Z. Burns avec Forest Whitaker, Marion Cotillard, Tobey Maguire – sur Apple TV+
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