Plusieurs sites américains ont révélé que le propriétaire du festival Coachella, Phil Anschutz, était un milliardaire d’extrême-droite finançant des organisations anti-LGBT.
Alors que le mastodonte Coachella vient de dévoiler une programmation monstrueuse, réunissant entre autres Gucci Mane, Radiohead, Kendrick Lamar, Beyoncé et Mac DeMarco, plusieurs sites américains ont rappelé que Phil Anschutz, propriétaire du festival, finançait des organisations anti-LGBT. L’info date en vérité du 7 juillet dernier. Le Washington Post relaie alors une infographie de Freedom for all Americans, une campagne bipartisane de lutte contre les discriminations à l’encontre des personnes LGBT, qui met en lumière les principales organisations américaines anti-gays et leurs donateurs.
Parmi eux figure Phil Anschutz, l’une des personnalités les plus riches des Etats-Unis avec une fortune estimée à plus de 10 milliards de dollars. L’homme dirige AEG (Anschutz Entertainment Group) une entreprise de divertissements sportifs et culturels, détenant équipes et salles de concert. Les Los Angeles Lakers, les Los Angeles Kings, le Staples Center ou encore l’O2 Arena, c’est lui. Tout comme The Weekly Standard, The Washington Examiner et Regal Cinemas, plus grand exploitant de salles de cinéma sur le territoire américain. Le texte de présentation omet de l’indiquer, mais Coachella c’est aussi lui. Le festival est en effet organisé par Goldenvoice,dont la firme-mère n’est autre que AEG.
« Des péchés de chair comme le comportement homosexuel »
Lorsqu’il ne dirige pas sa grosse entreprise, Phil Anschutz fait des virements conséquents à diverses organisations. Il a ainsi offert 110 000$ à Alliance Defending Freedom, 50 000$ à la National Christian Charitable Foundation, entre 2011 et 2013, et 30 000$ à Family Research Council entre 2010 et 2013. Or, comme le révèle Freedom for all Americans, ces trois organisations sont à 100% anti-LGBT. La National Christian Charitable Foundation, basée en Géorgie, finance elle-même organisations et groupuscules militant contre les droits des personnes homosexuelles. Son président, David H. Williams, est un membre du Council for National policy, un lobby œuvrant depuis des années dans l’ombre et la plus grande confidentialité pour déplacer les intérêts des Etats-Unis du côté de la droite religieuse.
Le NCF vire de l’argent, entre autres, à Alliance Defending Freedom, un groupe d’activistes chrétiens conservateurs dont le budget annuel s’élèverait à près de 50 millions de dollars. L’ADF entraînerait des avocats à la cause anti-LGBT, se pourvoirait régulièrement en justice, financerait des procès et soutiendrait toute mesure anti-gays.
Dans ce guide disponible en ligne, l’ADF dispense des conseils pour lutter contre les personnes LGBT et l’avortement. L’organisation assure ainsi qu’un enfant doit grandir entouré d’une mère et d’un père vivant dans la même maison familiale, et écrit :
« Parmi les développements culturels négatifs des dernières décennies, l’acceptation générale des relations sexuelles hors-mariage et d’autres péchés de chair, comme le comportement homosexuel, constitue une attaque directe contre cette institution éternelle et universelle [la Chrétienté] »
Enfin, financée par ADF, Family Research Council est un groupe anti-LGBT considéré par plusieurs médias comme dangereux, au budget annuel dépassant les 15 millions de dollars, auteur d’un pamphlet titré « Les activistes homosexuels cherchent à normaliser les relations sexuelles avec les enfants » qui compare l’homosexualité à la pédophilie.
Climato-sceptique
Dans un portrait enquêté de 2009, Politico laissait entendre qu’Anschutz avait acquis le tabloïd The Washington Examiner et le magazine conservateur The Weekly Standard, tous deux en perte de vitesse, afin de disposer d’une tribune pour véhiculer ses positions conservatrices, chrétiennes, anti-LGBT et anti-Obama.
Et ce n’est pas tout. D’après Greenpeace, Phil Anschutz financerait également des organisations climato-sceptiques et participerait au congrès annuel des industries Koch, dont les deux frères PDG, seraient parmi les plus gros donateurs de groupes réfutant le réchauffement climatique.
Reste à savoir si des artistes comme Beyoncé, proche de Barack Obama et qui s’est fait remarquer en 2016 pour son engagement citoyen et ses prises de position féministes et pro-Black Lives Matter, oseront se désolidariser de l’événement.