Alors que vient de sortir en salles son superbe « La Belle Personne », visite sur le tournage du prochain Christophe Honoré. Où Chiara Mastroianni sauve une pie en gare Montparnasse.
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Dans un cinéma français où le temps nécessaire à réunir le financement d’un film ne cesse de s’allonger, où un cinéaste passe trois fois plus de temps à attendre des réponses des commissions de lecture qu’à exercer son métier et où l’espérance de tournage s’élève en moyenne à une fois tous les quatre ans, la célérité avec laquelle Christophe Honoré enchaîne les films tient de l’heureuse exception. Pas moins de quatre films tournés ces trois dernières années, et six depuis le premier, 17 fois Cécile Cassard tourné en 2002. Seul François Ozon, parmi les jeunes cinéastes français, a fait preuve, dans la première partie des années 2000, d’une telle productivité – et a depuis quelques années un peu ralenti sa course de fond. Tandis que sort La belle personne, Christophe Honoré amorce donc le tournage de son nouveau long-métrage, Non, ma fille, tu n’iras pas danser.
Chiara Mastroianni, second rôle émouvant des Chansons d’amour, occupe désormais le centre du récit. Elle interprète une jeune mère, mariée à Paris, séparée de son conjoint (Jean-Marc Barr), qui revient avec ses enfants dans sa Bretagne natale. Là elle retrouve sa mère (Marie-Christine Barrault), sa sœur (Marina Fois), rencontre un amant (Louis Garrel, pour sa cinquième collaboration avec Christophe Honoré)… La partie contemporaine du film, produit pour la première fois par Why Not (la société de production d’Arnaud Desplechin, Xavier Beauvois, Jacques Audiard, et plus récemment Noémie Lvovski ou Claire Denis), sera tressée avec un conte breton en costumes musical.
Au premier jour de tournage, l’équipe s’affaire à mettre en place la première scène du film. Chiara Mastroianni, accompagnée de ses deux enfants, une petite fille et un petit garçon également blonds, se presse à la gare Montparnasse, pour ne pas manquer le train qui va les mener en Bretagne. L’actrice porte une jupe en jean, des chaussures à talon compensés, joue avec allant les mamans stressées, encombrées, tirant avec autorité toute sa petite famille par le bras. Le cinéaste raconte que pour caractériser son personnage, définir tout aussi bien le stylisme de ses vêtements que sa nature emportée et haute en couleurs, il avait en tête Julia Roberts dans Erin Brokovitch.
Dans la gare, les passants que croisent Chiara Mastroianni et les deux comédiens enfants sont à moitié des figurants dont les déplacements sont réglés et d’anonymes voyageurs, qui vont prendre leur train. Certains se retournent sur Chira Mastroianni, d’autres sont intrigués par la caméra et font mine de ne pas se savoir. Beaucoup ne remarquent pas qu’un tournage s’est infiltré dans les activités de la gare. Comme par exemple, François Hollande qui passent à deux reprises dans le champ de la caméra, accompagné de son staff. Christophe Honoré, qui avaient tapis dans Les chansons d’amour une affiche de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, s’amuse de l’effet de sens aussi inattendu qu’incertain que créerait la présence de François Hollande dans un plan de foule du film.
Tandis que la jeune maman agitée presse, pousse, tire ses deux enfants vers le train, l’un d’eux se détache d’elle car il vient d’apercevoir un oiseau mal en point effondré sur le sol de la gare. C’est une pie. L’enfant s’assoit près d’elle. Sa mère l’enjoint à les rejoindre, le train est presque déjà parti. Mais le garçon ne se résoud pas à abandonner l’oiseau à l’agonie. Excédée, Chiara Mastroianni sort un kleenex de son sac, avec lequel elle saisit la pie, la met dans son sac, reprend l’enfant par la main et repart en courrant. Toute l’après-midi est consacrée à la scène, filmée en plan général, dans un axe puis l’autre, en gros plans…
Genevieve Brissac, éditrice des livres jeunesse de Christophe Honoré, a co-écrit le scénario et assiste à ce premier jour de tournage. Elle s’amuse des difficultés entrainées par cette pie, si facile à imaginer à l’écrit et plus difficile à gérer au tournage. Entre deux plans, elle échappe à son dompteur et s’envole pour quelques dizaines de minutes. Quand au contraire elle paraît trop docile, presqu’inerte, elle fait éclater en sanglots la petite fille qui a peur qu’elle soit morte. L’équipe n’est pas au bout de ses peines de pie, puisque, dans le kleenex de Chiara Mastroianni, l’oiseau part avec les personnages en Bretagne. C’est là que l’équipe s’installe pour huit semaines, à l’intérieur des terres, dans la région natale de Christophe Honoré, près du lac de Guérande. Le tournage de Non ma fille tu n’iras pas danser devrait s’achever en novembre – à nouveau avec des scènes parisiennes. Le film sera vraisemblablement prêt au printemps 2009.
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