Le 20 décembre dernier, la pornstar Nikki Benz a raconté sur son profil Twitter avoir été violée sur une scène pour la firme Brazzers. Depuis, de nombreuses actrices lui ont apporté son soutien tout en dénonçant les dérives de l’industrie du X.
Le fantasme du viol existe, ressenti aussi bien par des femmes que par des hommes. L’excitation provoquée par la violence ou due à l’idée de soumission pleine et parfaite comme de domination absolue est réelle. Alors, comme tous les fantasmes, il se retrouve dans le porno. Sur n’importe quel tube, n’importe quel site, il y aura toujours une catégorie hardcore ou gangbang, des vidéos avec les mots « abused » ou « humiliation » dans la légende, même parfois avec « viol » ou « rape » bien qu’en théorie bannis par certaines plateformes. Mais comme tous les fantasmes reproduits par les acteurs de l’industrie du X, ce fantasme du viol se doit d’être scénarisé et joué dans un consentement mutuel.
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#NoMeansNo
Le 20 décembre dernier, la pornstar de Brazzers, Nikki Benz, raconte sur son profil Twitter qu’elle a été violée par l’un de ses partenaires complice du réalisateur. Armée du hashtag #NoMeansNo accolé au hashtag #CutMeansCut (Non veut dire non, Coupez veut dire coupez), elle écrit : « Quand je vous dis que je ne suis pas d’accord, vous devez me prendre au sérieux. Je ne devrais pas être violentée. »
#NoMeansNo #CutMeansCut and me telling you I’m not ok with any of this should be taken seriously. I should not be beat down.
— NIKKI BENZ (@nikkibenz) December 20, 2016
L’actrice canadienne d’origine ukrainienne partage d’abord des captures d’écran de SMS. L’identité des deux personnes qui s’échangent les messages reste cachée, mais l’une d’entre elles témoigne de ce qu’elle a vu et des séquelles qu’en garde Nikki Benz.
Hey @Brazzers ???????? pic.twitter.com/ftLZsDt6Nz
— NIKKI BENZ (@nikkibenz) December 20, 2016
« Elle ne peut rien manger, ses mains sont bleues et noires, elle a toujours mal au crâne après qu’il l’a piétinée, et le réalisateur lui-même l’a étranglée !« , peut-on lire sur l’un des textos. On apprend sur d’autres captures que le réalisateur, un certain Tony T, l’aurait agressée à plusieurs reprises et ignoré chacun de ses appels à l’aide – soigneusement coupés lors du montage final de la vidéo. Un autre SMS déplore que beaucoup de filles se sont déjà plaintes de lui, mais que Brazzers continue de l’engager.
Face aux vagues de soutien, l’industrie recule
Suite à ses révélations, la pornstar a reçu de nombreux message de soutien, retweetés sur son profil qui prend des allures de mur féministe. Sur Twitter, de nombreuses stars de l’industrie ont pris position en sa faveur (Christy Mack, Sienna West, Summer Brielle, Nicole Aniston…) tout en dénonçant l’attitude de Brazzers.
@Brazzers @nikkibenz
Sad. Shameful This could not have happened 2 a sweeter performer 😡Btw: YOU HAVE BULLIES WORKING 4 YOU not just Tony T😡— 𝑆𝐼𝐸𝑁𝑁𝐴 𝑊𝐸𝑆𝑇 (@SIENNAWESTLAND) December 22, 2016
https://twitter.com/SummerBrielle/status/811741642319200256
wow, just read what @nikkibenz went through on set. I am so sickened by this and to think she is Brazzers contract star! I love you Nikki!
— Mary Carey (@realmarycarey) December 22, 2016
Des fans, mais également des internautes loin du milieu ont été touchés par son histoire malheureusement loin d’être un cas isolé. Brazzers, société de production de films porno depuis 2004, a alors déclaré le 22 décembre « avoir pris des mesures immédiates et cessé toute collaboration avec le producteur en question« , avec lequel elle s’engage de ne plus jamais travailler. Autre promesse : la scène subie par Nikki Benz ne sera jamais exploitée par l’entreprise.
Pas suffisant pour l’ex-actrice porno Jenna Jameson, qui confie à Fox News qu’il « est temps que des entreprises comme Brazzers soient condamnées pour leurs comportements criminels ». Elle ajoute : « Elles aiment faire amende honorable en prétendant qu’elles n’étaient au courant de rien, alors qu’elles profitent de ces scènes de viol. Je soutiens Nikki et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela cesse dans le milieu« .
Twitter, terre de dénonciations féministes
Le témoignage de Nikki Benz n’est pas sans rappeler les tweets que Stoya, pornstar américaine et ex-compagne de James Deen, a posté le 28 novembre 2015. Aujourd’hui supprimés, ils accusaient James Deen, alors icône dans l’industrie du X, de viol, et auront permis a d’autres femmes, neufs exactement, de s’exprimer et de porter pareilles allégations.
« Se connecter à internet pendant une seconde et voir des gens idolâtrer et qualifier de féministe le mec qui t’a violée. C’est nul », a d’abord tweeté Stoya. Puis, quelques minutes plus tard: « James Deen m’a plaquée au sol et m’a baisée alors que je disais non, stop, que j’ai utilisé mon safeword (un mot choisi au préalable pour mettre fin à l’acte). Je ne peux plus simplement hocher la tête et sourire quand on me parle de lui ».
Un an plus tard, on apprend qu’il tourne toujours. Si suite aux déclarations de Stoya certains studios et boites de production se sont immédiatement désolidarisés de l’acteur accusé, force est de constater qu’il est finalement loin d’être au chômage, apparu depuis dans 114 films. L’industrie porno n’est à l’évidence pas un exemple à suivre dans le traitement des accusations de viol.
Toujours plus de violence
Les actrices parlent d’une tendance. Une tendance à la violence, à l’abus, à l’humiliation dans une industrie du X en crise qui produit du contenu de plus en plus hardcore pour appâter ses consommateurs.
Alors que Nikki Benz tweetait dans son récit « Donc les scènes de viol c’est à la mode maintenant hein ?« , Lisa Ann, ancienne du milieu, dénonçait en début d’année la prolifération des comportements violents devant la caméra. D’après elle, les réalisateurs demandent aux jeunes filles qui débarquent dans l’industrie de jouer systématiquement des scènes d’abus. Qu’elles soient prêtes ou non, qu’elles comprennent pleinement ce que cela implique ou pas.
Une étude commandée par Adult Video News montrait qu’en 2010 déjà, la plupart des scènes parmi les 50 scènes de films porno les mieux notées impliquaient la présence d’une femme se faisant abuser sexuellement, ou verbalement.
I guess rape scene are in now huh?
— NIKKI BENZ (@nikkibenz) December 20, 2016
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