Un docu-fiction foisonnant, traversée haletante des seventies dans la peau de trois lycéens. De l’exaltation à la gueule de bois.
Traverser une décennie le temps d’un documentaire, jongler avec les archives pour tisser le roman d’une époque où se mêlent histoires sociale, politique et culturelle… La formule est désormais rompue. Et rien de plus cinégénique que les bouillonnantes seventies et leurs cortèges de révoltes, d’aspirations libertaires et de lendemains qui chantent mais déchantèrent vite.
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Mais ce qui fait la différence et distingue ce joli docu-fiction d’un énième brassage d’archives, c’est la capacité de ses auteurs, Stéphane Osmont et Emmanuelle Nobécourt, à extraire de cette époque la substantifique moelle et à la mettre en scène dans un récit fluide, relatant les années d’initiation, des grèves étudiantes contre la loi Debré en 1973 à l’élection de Mitterrand en 1981, de trois amis lycéens – Boris, le gauchiste charismatique, l’excentrique Barbara, élevée dans une communauté hippie, et Michel, le narrateur, intello timide et secret.
En mêlant subtilement la fiction, l’histoire de cette amitié chaotique, cimentée par l’engagement politique, à des extraits de films d’époque, égrenant tous les événements marquants de la décennie – l’occupation des usines Lip, le coup d’État au Chili, la guerre du Kippour, le choc pétrolier, la mort de Pompidou, le MLF, la loi Veil pour l’IVG, le Larzac, la mort de Franco, les Brigades rouges en Italie, la naissance du mouvement punk en Angleterre, l’ouverture du Palace à Paris, etc. –, le film échappe – tout juste – au piège du zapping d’archives en portant un regard intimiste et incarné sur cette génération partagée entre les idéaux utopistes et les lois implacables d’une réalité politique et sociale de plus en plus amère.
Nathalie Dray
Nos printemps 70 docu-fiction de Stéphane Osmont et Emmanuelle Nobécourt. Lundi 11 mars, 20 h 46, France 3
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