Le photographe à l’Associated Press Burhan Ozbilici a capturé en direct l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara ce 19 décembre. Ses images du tueur, stupéfiantes, resteront gravées dans l’histoire.
L’homme qui a assassiné l’ambassadeur russe à Ankara lors de la visite d’une exposition, ce 19 décembre, portait un costume noir et une cravate. Il a d’abord tiré en l’air avant de viser le diplomate, Andreï Karlov, qui a succombé à ses blessures. Au moins trois autres personnes ont été blessées avant que l’individu ne soit abattu par les forces spéciales turques.
« N’oubliez pas la Syrie, n’oubliez pas Alep. Tant que les habitants n’y seront pas en sécurité, vous ne le serez pas non plus », a-t-il crié après avoir abattu l’ambassadeur dans le dos.
La chaîne russe Russia Today (RT) a diffusé ces photos d’Andreï Karlov juste avant son assassinat :
https://twitter.com/RT_com/status/810888368506564608
Mais d’autres photos plus frappantes encore ont été prises pendant l’attaque. Il s’agit d’un photographe de l’agence Associated Press, Burhan Ozbilici.
L'incroyable photo @AP du soir. #Turquie #ambassadeur #Russie @itele pic.twitter.com/3eggTftSgG
— Antoine Estève 🎥 (@antoineesteve) December 19, 2016
Il témoigne sur le site de APNews :
« L’événement semblait routinier, l’inauguration d’une exposition de photographes russes. Si bien que quand un homme en costume noir et en cravate a sorti un pistolet, j’ai été surpris et j’ai pensé qu’il s’agissait d’un geste théâtral », raconte-t-il.
L’individu a été identifié. Il s’agirait de Mevlut Mert Altintas, un jeune policier de 22 ans, qui a pu accéder au site grâce à sa carte de police alors qu’il n’était pas en service.
"Vous tuez en Syrie alors je tue ici", aurait dit le tireur #ankara #Turquie (Photo AP) pic.twitter.com/hieHYzgO5X
— Antoine Llorca (@antoinellorca) December 19, 2016
Le photographe reprend son récit : « Les tirs – j’en ai dénombré au moins huit – résonnaient fort dans la galerie d’art immaculée. C’était la confusion. Des gens criaient, se cachaient derrière des colonnes et sous les tables, ou se couchaient au sol. J’étais effrayé et perturbé, mais j’ai trouvé un abris précaire derrière un mur et j’ai fait mon travail : prendre des photos ».
Il explique aussi pourquoi il a décidé de prendre des photos en gardant son sang froid, malgré le danger :
« J’étais, évidemment, paniqué, et je savais le danger que représentait le tireur s’il se tournait vers moi. Mais je me suis avancé un peu et je l’ai pris en photo alors qu’il harcelait son public désespéré et captif. »
Quelques secondes avec les coups de feu, on voit le tireur derrière l'ambassadeur de Russie #Turquie #ankara pic.twitter.com/zbESRoYJe5
— Antoine Llorca (@antoinellorca) December 19, 2016
Il relate aussi avoir pensé à sa mission en tant que journaliste, qui l’a motivé à rester sur place : « Voici ce que je me suis dit : ‘Je suis là. Même si je suis touché et blessé, ou tué, je suis journaliste. Je dois faire mon travail. J’aurais pu m’enfuir sans prendre de photos. Mais je n’aurais pas eu de réponse claire plus tard si l’on m’avait demandé : ‘Pourquoi n’as-tu pas pris de photos?' »
Il explique qu’après l’intervention des forces spéciales, il est rentré à son bureau et a regardé les clichés :
« J’ai été choqué de constater que le tueur était en fait debout derrière l’ambassadeur pendant qu’il parlait. Comme un ami, ou un garde du corps ».
https://twitter.com/AxelJoly/status/810889758197084160