Cela fait maintenant près de 10 ans que les Audi talents awards mettent en lumière les talents émergents de la création française. Le concours et l’accompagnement qu’il offre a ainsi permis à de nombreux compositeurs, designers, artistes et réalisateurs de connaître le rayonnement qu’ils méritaient. Focus sur cinq artistes et coups de cœur de notre rédaction, dont les parcours ont pris une nouvelle dimension avec l’attribution du prix.
Pascal Lengagne
Il a donné envie à toute une génération de compositeurs à l’image de s’inscrire aux Audi talents awards. Premier gagnant en 2011 dans la catégorie dédiée, Pascal Lengagne n’était pas au début de sa carrière. Pianiste et compositeur, ce diplômé en musicologie a aussi suivi des études cinématographiques. Avant de consacrer l’intégralité de son temps à la composition, Pascal Lengagne choisit de débuter sa carrière comme technicien du son au sein de la Maison de la Radio. En parallèle, il fait la rencontre d’Yves Pépin, de la société ECA2, qui lui confie l’habillage sonore de plusieurs gros événements, tel que la Coupe du Monde 1998 ou encore l’exposition universelle Aïchi 2005. Une confiance qui le pousse à orienter sa carrière comme compositeur à l’image.
Suite à sa victoire, Pascal Lengagne a illustré les campagnes publicitaires pour l’Audi A4 et a élargi son champ des possibles. Il a ainsi composé pour son premier long-métrage, Je Compte Sur Vous de Pascal Elbé en 2015, tout en continuant de travailler pour la publicité ou de grands rendez-vous mondiaux. Car c’est son approche de la musique à l’image qui fait toute la différence. Grand curieux des textures sonores, Pascal Lengagne est à la recherche constante de nouvelles approches du son, invitant parfois l’électronique dans l’acoustique, et ne cessant d’expérimentation. Et si son envie n’est pas de révolutionner le monde de la musique, mais de trouver la retranscription musicale parfaire à chaque émotion, Pascal Lengagne ne cesse aujourd’hui d’appréhender la musique à l’image comme un vrai terrain de jeu.
Constance Guisset
Il y a rarement eu un parcours plus atypique que celui de Constance Guisset. Ancienne diplômée de commerce et de sciences politiques, la jeune femme a débuté sa carrière comme gestionnaire pour une galerie. Elle se livrait néanmoins sur son temps libre à de nombreuses pratiques artistiques, qui lui ont donné envie de changer de voie. En visitant les locaux de l’ENSCI, elle a une révélation, et décide d’intégrer l’école. Le début d’une grande histoire avec le design. Lauréate en 2010 des Audi talents awards, la designer qui officie aujourd’hui en solo dans son propre studio est devenue en 2016 juré pour le concours : un cercle vertueux qui prouve la résonance de son travail dans le domaine du design français.
Car depuis sa victoire, Constance Guisset a remporté de nombreux défis. Designer de l’année 2010 du salon Maison et Objets, scénographe pour le DJ Laurent Garnier ou le chorégraphe Angelin Preljocaj, son travail est empreint de l’air du temps et d’une rare poésie. Avec ses luminaires, dont le dorénavant célèbre Vertigo, Constance Guisset s’amuse avec la gravité, le temps, le mouvement. Son travail cherche l’expression dans le dessin le plus simple et le plus léger. L’objet bouge, s’épanouit, se découvre, danse. Et si la designer se dit fascinée par les petits moments de grâce emmenant les gens loin d’eux, force est de constater que son travail matérialise cette vision sereine et chaleureuse de la vie.
Neil Beloufa
Il avait à peine 27 ans quand il gagne les Audi talents awards dans la catégorie Art Contemporain avec son projet tournant autour du célèbre bandana rouge. Pourtant, le jeune artiste contemporain avait déjà un très beau parcours : Neil Beloufa était en effet passé par les Beaux-Arts de Paris, Le Fresnoy, mais aussi la Cooper Union de New York ou le California Institute of Arts. Repéré en 2007 avec Kempinski, une vidéo d’anticipation où il avait filmé des villageois maliens parlant du futur au présent, sa carrière, comme sa réputation, n’a depuis cessé de se développer. En 2012, le jeune franco-algérien a ainsi été invité par le Palais de Tokyo pour sa première grande exposition monographique, puis a enchainé avec la Biennale de Venise, celle de Lyon…
Car Neil Beloufa prend l’art contemporain avec légèreté et humour. Sa pratique soulève plusieurs problématiques : la dichotomie, mais se plaît aussi à démanteler les clichés ou les poncifs mainstream jusqu’à les vider de leur substance. Il déconstruit ainsi les stéréotypes grâce à ses vidéos et ses installations, qui ensemble forment une œuvre totale : le physique répond ainsi à l’image, et dialogue avec elle. Il a présenté dernièrement Democracy, un projet condensant deux précédents travaux, Data for Desire et World Domination : le monde n’a pas fini d’entendre parler de lui…
Alexandre Echasseriau
On oppose souvent artisanat et design, l’industrie contre la main. Alexandre Echasseriau a pris le contre-exemple et a choisi de faire dialoguer ces deux disciplines qu’on pensait antagonistes. Diplôme de l’école Boulle en tournage ornemental, le jeune homme a ensuite enchainé avec la prestigieuse ENSCI, dont il est sorti avec les félicitations du jury.
Car le travail d’Alexandre Echasseriau est principalement axé autour de la découverte et du dialogue. Celui qui peut exister entre les hautes technologies et l’artisanat, entre la technique et le fait-main, entre l’industriel et les savoir-faire manuels. Il a ainsi gagné en 2014 les Audi talents awards dans la catégorie design avec « Tryptic », une série de trois objets où, parti à la recherche de savoir-faire méconnus (qu’Alexandre Echasseriau aime appeler « orphelin »), il confrontait différentes compétences et les laissaient se compléter. La laine de mouton pouvait ainsi se transformer en coque de protection pour les casques de vélo avec l’aide de la chimie, le marbre partait au contact du son et le cuir était tatoué par des circuits électroniques. Aussi innovant que traditionnel, Alexandre Echasseriau propulse des savoirs dans le monde moderne et leur donne la place qu’ils méritent.
Ivan Argote
Originaire de Colombie, enfant de militants politiques dont l’influence se retrouve encore aujourd’hui dans son travail, Ivan Argote a d’abord suivi à Bogota des études de graphisme. Ayant gagné un prix qui lui permettait d’aller dans le pays de son choix, le jeune artiste a décidé de poser ses valises à Paris. Après des études aux Beaux Arts de Paris, notamment dans l’atelier de Claude Closky, Ivan Argote s’est rapidement fait repérer grâce à la puissance de son travail, qui questionne le monde et les liens sociaux : un travail qu’il ne décrit pas comme «militant », mais « politisé ». Rien ne semble faire peur au jeune artiste. L’une de ses premières œuvres le montre en train de tagguer des Mondrian (sous verre) en plein musée. Et si au départ, Ivan Argote choisit d’abord les performances et la vidéo comme moyens d’expression de prédilection, il ira au fur et à mesure de sa pratique vers d’autres médiums, et enchainera aussi les collaborations, notamment avec Pauline Bastard. S’il fait sa première exposition personnelle en 2011 à la célèbre Galerie Perrotin, il remporte en 2013 les Audi talents awards dans la catégorie Art Contemporain grâce à cette pratique drôle et irrévérencieuse, qui montre les rôles du pouvoir et de l’histoire dans nos vies quotidiennes.