Le cofondateur d’Animal Collective confirme en solo une orientation tout en retenue de ses expérimentations, au long d’un quatrième album d’une savante humilité.
La question est la même à chaque échappée discographique d’un des membres d’Animal Collective : faut-il appréhender la musique d’Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist au gré de leurs carrières respectives ou à l’échelle de leur groupe ? Appréciés comme pièces éparses du puzzle musical commun de leurs auteurs, autant qu’injustement déconsidérés en tant que trop sobres projets parallèles side projects, les albums solos de chacun des musiciens peinent – à l’exception du Person Pitch de Panda Bear (2007) – à acquérir un statut approprié.
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Comme si, au fond, la musique d’Animal Collective était davantage la somme des influences cumulées de ses membres que l’ouvrage d’un véritable groupe. Dans cette perspective, ce 7s s’écoute dans le sillon de Time Skiffs (2022), dernier album en date du collectif et apprécié comme l’enregistrement de l’équilibre retrouvé, succédant à une série de disques dépréciés (ou incompris, rayez la mention incorrecte) du grand public.
Des escapades solitaires
Enregistrés à la suite – 7s en période de confinement, Time Skiffs à son sortir –, les deux disques ont pour point commun un certain sens de la mesure, caractéristique des escapades solitaires de Dave Portner (de son vrai nom), préférant contenir son sens de l’innovation pour intensifier la spontanéité de son écriture et de sa composition. Ce que l’intéressé implique déjà en qualifiant, dans un communiqué, les titres qui composent le disque de “paysages surréalistes”, présageant de l’immédiateté teintée d’extravagance qui traverse l’enregistrement.
Une démarche cristallisée par le single Hey Bog, plage évolutive de près de dix minutes liant ambient au design organique et balade folk psyché. À l’écoute, l’atout principal d’Avey Tare s’y expose : cette capacité à, plutôt que de les opposer, mettre son amour de l’expérimentation au service de l’authenticité de son songwriting. En résulte, comme d’habitude, une minutie sonore jamais prétentieuse (mais pourtant remarquable dans Lips at Night), certes moins criarde que celle à l’œuvre dans les morceaux d’Animal Collective, mais qui brille davantage au regard du parcours solo de son auteur.
Et si, finalement, la pop bariolée d’Avey Tare n’était pas qu’une composante (forcément incomplète à elle seule) du génie qui a su émaner d’Animal Collective, mais plutôt une alternative à la recette du groupe ? Alors que la patte si reconnaissable de l’auteur ne saurait tromper aucun fan sur sa provenance, la modestie qui émane de 7s prouve que le travail en solo de Dave Portner est bien plus que l’ébauche de la musique de son groupe.
7s (Domino/A+LSO/Sony Music). Sortie le 17 février.
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