Le nouveau film de Hong Sang-soo, la ressortie d’un chef-d’oeuvre féministe et la gigantesque omelette multiverselle de Marvel : découvrez sans attendre les sorties de la semaine.
La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo
Le film s’offre davantage comme un précipité de réflexions, de secrets et de clés à déchiffrer sur le pouvoir de la fiction, sa collision avec le réel, sa nécessité et cette dévoration entre les deux. Alors, on le regarde un peu en se demandant ce qu’il a de nouveau à nous dire, cherchant dans ces images familières une autre façon d’appréhender le cinéma de Hong Sang-soo.
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Lire la critique de Marilou Duponchel
Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig
Cette fois seule aux commandes, bien que toujours assistée de Roussopoulos à l’image, Delphine Seyrig s’est lancée dans un vaste projet de collecte de la parole d’actrices de toutes nationalités, de tous âges et de toutes notoriétés. Au total, ce sont vingt-trois comédiennes (dont les plus connues sont Jane Fonda, Juliet Berto, Shirley MacLaine, Maria Schneider et Anne Wiazemsky) qui répondent à un questionnaire-type sur la façon dont leur genre influe sur leur travail, ou plutôt l’entrave, puisqu’on comprend vite à quel point elles ne jouissent pas de la même liberté que les hommes et vivent avec la peur d’être agressées sexuellement.
Lire la critique de Bruno Deruisseau
Lumière de Jeanne Moreau
Éloge de l’amitié féminine, d’une forme de sororité, Lumière décrit aussi de façon implacable la toxicité des hommes. On assiste par exemple à une scène d’agression sexuelle qui ne dit pas encore son nom ainsi qu’au chantage affectif et aux violences physiques d’un compagnon possessif et jaloux. Le film raconte aussi l’histoire du corps de l’actrice au fil des ans. Objet de toutes les convoitises lorsqu’il est jeune, il est progressivement délaissé par le regard masculin. Mais cet abandon s’accompagne d’un gain de liberté et d’une réappropriation. Dans Lumière, ce sont les femmes les plus âgées qui sont les plus libres de leur désir et les plus épanouies.
Lire la critique de Bruno Deruisseau
L’Adolescente de Jeanne Moreau
Il offre aussi des moments dans lesquels se joue un décentrement du regard par rapport à l’histoire du cinéma. Lorsqu’elle filme la balade à travers champs de son adolescente et d’un homme beaucoup plus vieux, on pense aux mêmes scènes filmées par Rohmer dans Le Genou de Claire, sauf que la caméra est ici attentive à la beauté masculine et pas l’inverse.
Lire la critique de Bruno Deruisseau
Lillian Gish de Jeanne Moreau
C’est après avoir présenté une série d’émissions radiophoniques consacrées à des stars hollywoodiennes que Jeanne Moreau décide de se lancer dans une anthologie de portraits de grandes actrices sous la forme d’entretiens. Lillian Gish devait constituer le premier épisode d’une série où l’on aurait croisé Bette Davis, Ava Gardner, Elizabeth Taylor, Jane Fonda, Faye Dunaway, Jessica Lange, Greta Garbo et Katharine Hepburn.
Lire la critique de Bruno Deruisseau
La Femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov
Il y a donc deux éléments qui s’entrechoquent sans cesse dans le film de Serebrennikov : une société machiste, une femme qui a des problèmes psychiatriques assez patents. La salle se met à douter (ce qui n’est pas forcément un problème) et oscille entre deux sentiments : que veut nous dire Serebrennikov ? Veut-il célébrer l’obstination d’une femme à vouloir être reconnue, à résister à l’oppression ? Ou la folie de cette femme ? Plus le récit défile, et plus Antonina s’avilit, donnant son corps à des hommes comme pour conjurer une frustration sexuelle, accouchant d’enfants qu’elle abandonne dans des orphelinats.
Lire la critique de Jean-Baptiste Morain
Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de Peyton Reed
Voilà donc un objet d’une radicalité relevant presque du blockbuster expérimental, mais dont l’expérimentation ne conduirait qu’à une liquidation émotionnelle. Il faut y voir la prémonition d’un Hollywood post-humain : le paysage du royaume quantique, déliquescence plastifiée de rouges et de violets (on dirait que le film est passé au micro-ondes), évoque un rêve de la machine, par ses similitudes avec les créations primitives de l’intelligence artificielle révélées par le département de recherche Google en 2015, et ses étranges formes d’escargot hallucinées.
Lire la critique de Théo Ribeton
Le Marchand de sable de Steve Achiepo
Plongée ténébreuse dans le monde des marchand·es de sommeil, le premier long métrage de Steve Achiepo avait, par son sujet, ce qu’il fallait pour rédiger une partition de pur et sage réalisme social. Pourtant, du film de genre, Le Marchand de sable n’est jamais loin, qui puise dans un imaginaire très seventies américain – autant pour définir la complexité de son personnage principal (un antihéros aussi coupable que pétri de bonnes intentions) que pour le traitement granuleux de l‘image et sa structure narrative (le film débute par une longue séquence très réussie de réunion de famille, qui emprunte aux prologues de deux grands classiques du cinéma américain que sont Le Parrain et Voyage au bout de l’enfer).
Lire la critique de Ludovic Béot
Domingo et la brume d’Ariel Escalante Meza
Suivant un arc narratif simple et linéaire dont on devine déjà l’inéluctable issue, la caméra d’Ariel Escalante Meza nous fait dériver lentement vers un monde surnaturel et méditatif. Soutenu par un travail technique remarquable composé de longs panoramiques éthérés, le film est bâti sur une architecture dans laquelle l’agencement des scènes et leur fluidité envoûtent comme la brume en suspension, sans frontières et vaporeuses.
Lire la critique de Ludovic Béot
Big Guns de Duccio Tessari
Ajoutons que Delon est à l’époque au sommet de sa beauté et de son talent. Le moindre regard fait mouche, le moindre sourire carnassier bouleverse. C’est un fauve naïf. L’acteur américain Richard Conte (vu chez Preminger, Fritz Lang, John L. Lewis… et dans Le Parrain de Coppola), vieillissant, dans le rôle d’un grand mafieux très ambigu (on sent qu’il aime paternellement Tony Arzenta et qu’il est prêt pourtant à subir sa vengeance, parce que c’est la fatalité), livre l’une de ses interprétations les plus saisissantes.
Lire la critique de Jean-Baptiste Morain
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