Irak 2016, un commando des forces spéciales françaises doit retrouver et exfiltrer la fille et le petit-fils d’un ponte de Daech. Créée par Corinne Garfin, Duong Dang-Thai, “Cœurs Noirs” est rapidement devenue la série la plus regardée sur Prime Video, devant la célèbre “The Last of Us”. Autopsie d’un phénomène.
Quelques jours après sa mise en ligne le 3 février dernier, le site Allocine rapportait que la création française Cœurs Noirs avait détrôné l’américaine The Last of Us au classement des séries les plus regardées sur la plateforme Prime Video. Une situation assez rare pour être signalée, qui confirme pourtant plusieurs tendances. Tout d’abord, l’appétit du public français pour les productions locales, puisque les meilleures audiences séries des grandes chaînes sont depuis quelques années exclusivement françaises. Ensuite, l’attrait exercé par l’action et le suspens, qui n’a finalement qu’une place limitée sur les écrans hors cinéma.
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Créée par Duong Dang-thai et Corinne Garfin, tous deux passé·es brièvement par Le Bureau des légendes, Cœurs Noirs suit le quotidien périlleux d’une unité des Forces Spéciales de l’armée française en Irak juste avant la bataille de Mossoul, en Irak. Soit une bande d’hommes et de femmes harassé·es de soleil et de fatigue, traumatisé·es par le 13 novembre et en mission pour récupérer la fille et le petit-fils d’un émir de Daech, qui ne donnera des infos cruciales qu’à ce prix. Ziad Doueiri, le réalisateur des six épisodes, connu notamment pour Baron noir (Canal+) et Dérapages (Arte), est crédité en premier au générique, ce qui n’est guère étonnant quand on constate que la série se repose largement sur sa mise en scène nerveuse, parfois brouillonne mais efficace. Cœurs Noirs a pour ambition d’en mettre plein les yeux, ce qu’elle réussit souvent, sans que l’on comprenne vraiment ce qui pourrait nous attacher à des personnages qui mettent longtemps à se dessiner.
Une série, plusieurs influences
Ce n’est qu’au bout de quatre épisodes qu’une forme d’émotion se dégage, une fois le manque de subtilité de l’ensemble avalé. La série se libère aussi d’un poids et propose des scènes étonnantes, comme ce pétage de plombs collectif sur du Pierre Bachelet, perdu·es dans le désert. Au bout du compte, Cœurs Noirs réussit l’agrégation assez inédite de plusieurs influences. Si on pense à quelques séries étrangères qui ont clairement servi de modèle (disons, Homeland et l’israélienne Fauda, voire 24), l’ADN français de la série reste le plus puissant, que ce soit à travers les scènes de groupe, de briefing et d’attente qui peuvent raviver le souvenir d’Engrenages, un sentiment de mélancolie et d’inutilité proche de certains moments du Bureau des légendes, et surtout un casting qui nous ramène sans ambiguïté en territoire familier. On retrouve par exemple Thierry Godard (Engrenages), Nicolas Duvauchelle (Braquo), Marie Dompnier (Les Témoins), Tewfik Jallab (Engrenages) ou encore Nina Meurisse (Mixte).
Le tout ressemble à un best-of des capacités et des limites de la fiction française, dont on espère qu’il décollera vraiment dans sa deuxième saison, si celle-ci devait être commandée. Coproduite par France Télévisions, Cœurs Noirs sera aussi rediffusée sur le service public dans quelques mois.
Cœurs Noirs Avec Nicolas Duvauchelle, Marie Dompnier, Tewfik Jallab. Sur Prime Video.
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