L’interprète-créatrice-productrice du carton « Girls » multiplie les casquettes et raréfie son vêtement. Au point qu’on se demande si elle n’en fait pas trop à force d’en faire moins.
1. Lena ou l’école du pouvoir
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Lena Dunham en fait-elle un petit peu trop ? “Personnalité la plus cool de l’année 2012” selon le Time, cette jeune femme de 26 ans multiplie les succès avec Girls, série-phare de HBO dont elle est l’auteur principale – mais aussi la coproductrice et interprète numéro 1. De la minivague Tiny Furniture (son long métrage de 2010 présenté au festival South by Southwest) qui lui a permis de rencontrer son désormais coproducteur Judd Apatow, au tsunami Girls, Lena Dunham s’est imposée comme la relève d’une certaine forme de comédie américaine. Et tant pis pour les esprits chagrins pour qui elle est aussi et surtout l’archétype de la postado qui pense que ses réflexions existentielles au ras des pâquerettes la rendent spéciale, alors que c’est précisément ce qui fait d’elle une personne tout à fait commune. Ce mois-ci, pour fêter ses deux Golden Globes et le succès de la saison 2 de Girls, Rolling Stone se demande comment “une vie caractérisée par la prise régulière d’anxiolytiques et une sexualité médiocre peut donner une série à succès”. Poil aux nénés.
2. L’art de la mise en avant
Pour le béotien, la poitrine offerte de la dame en couverture peut prêter à confusion. Il est ainsi important de préciser que chaque épisode de Girls ressemble à un épisode de Belle toute nue, Lena Dunham s’ingéniant à passer une bonne partie de son temps à l’écran à oilpé – et dans des positions peu flatteuses. Un hobby qui lui vaut dans la presse des adjectifs aussi atroces que “couillue” et/ou “potelée” – ce qui n’est jamais vraiment bon signe. En revanche, il est vrai que la série donne à voir des filles “normales” physiquement et sexuellement (d’où le “Bad Sex” de l’accroche). Dans Girls, si la chair est triste, le récit, lui, est souvent divertissant. Voilà qui (même s’il est toujours question de quatre jeunes femmes blanches et issues d’un milieu plutôt aisé) change de l’atroce Sex & the City et donne un petit coup de pied dans le thorax aux canons de beauté contemporains.
3. Une langue bien pendue
Lena Dunham est perpétuellement sur le fil. Entre l’autodérision et la séduction, l’équilibre est difficile à trouver tout en restant dans la subtilité. Cette pose pataude, toute langue dehors, symbolise bien le problème de la série où parfois la maladresse est mise en scène avec de trop grosses ficelles. À la fin de l’année dernière, Lena Dunham signait un contrat avec une maison d’édition : 3,7 millions de dollars pour Not that Kind of Girl, un livre que l’on annonce comme une compilation de “conseils francs et drôles sur tous les sujets, du sexe à la nourriture, des voyages au travail”. Une grande joie pour les fans qui, depuis le lancement de Girls, ne cessent de se pâmer en saluant l’arrivée sur les écrans de “filles comme nous”. D’accord. Mais les personnages féminins de Lena Dunham sont égoïstes, égocentriques, et leurs centres d’intérêt ne dépassent pas leur petit périmètre. Heureusement, dès les premières minutes de la série, son personnage explique à ses parents être “la voix de sa génération” avant de rectifier : “une voix d’une génération”. Celle des petits-bourgeois blancs autocentrés qui se créent des problèmes superficiels pour donner du goût à leur vie sans drame ? En ce sens, la série est un chef-d’œuvre.
Diane Lisarelli
La saison 2 de Girls sera diffusée à partir du 30 avril sur OCS Max
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