Ce quintet, né à Barcelone et éprouvé à Londres, mixe sur “Dragging the Needlwork for the Kids at Uphole” son indie pop à une approche slowcore. Un refuge pour l’hiver.
Il y a les disques que l’on partage avec les autres et ceux que l’on serait un peu bêtement tenté de garder pour soi. Le premier LP du quintet Index for Working Musik se classe dans la deuxième catégorie. Persuadé que tout être humain doté d’une âme que la frénésie de l’époque affecte de façon déraisonnable devrait courir acheter ce onze-titres miraculeux, on ne résiste pas plus longtemps à vous en toucher deux mots.
Monté à Barcelone par Max Oscarnold (Toy, The Proper Ornaments) et Nathalia Bruno (Drift) après une révélation mystique au détour d’une rue dans le quartier gothique de la ville, c’est dans un sous-sol de Londres, rejoint par un batteur, un contrebassiste et un guitariste que ce groupe pop au nom que l’on croirait piqué à un best of de Brian Eno est né.
Des voix apparaissent et disparaissent, des fantômes essaient de nous dire quelque chose
La bande des cinq fait des merveilles dans le genre nuancier de gris : Dragging the Needlework for the Kids at Uphole s’ouvre ainsi dans le brouhaha d’une bande magnétique triturée et s’achève comme une journée de soleil bas et blanc, dans le larsen étouffé d’une guitare en fin de course qui ne jouera plus jamais.
Des événements sonores viennent hanter l’album, des voix apparaissent et disparaissent, des fantômes essaient de nous dire quelque chose dans cette atmosphère déclinante aux rythmes plombés, lacérée par les boucles lancinantes des guitares et les égarements improvisés de la contrebasse. Si certains titres augmentent la cadence, c’est toujours avec cette même voix transparente que le message nous parvient : contempler l’invisible et s’accommoder des contours flous de la mémoire.
Dragging the Needlework for the Kids at Uphole (Tough Love Records/Modulor). Sorti depuis le 17 février.